La Voie des idées FA5530
histoire de la philosophie
LA PHILOSOPHIE MODERNE
LA VOIE DES IDÉES : DE DESCARTES À HUME
SOUS LA DIRECTION DE MICHAËL FOESSEL
UN COURS PARTICULIER DE PIERRE GUENANCIA
CD 1 : Descartes
1. Descartes pour entrer dans la modernité 5’57
2. La philosophie des idées 3’20
3. À la recherche d’une science universelle 4’54
4. Selon le nombre et la mesure 5’34
5. La voie métaphysique 7’28
6. «?Je suis, j’existe?» 4’47
7. L’infini, marque de Dieu en moi 5’51
8. Le Créateur et son œuvre 5’12
9. La volonté, principale perfection de l’homme 5’38
10. Réunir l’âme et le corps 4’18
11. Les passions de l’âme 5’23
12. Une morale humaine 4’18
13. La vertu de générosité 5’34
CD 2 : Pascal et Hobbes
1. Introduction à Pascal et Hobbes 5’55
2. Les chemins détournés de Pascal 5’39
3. Le domaine de la polémique 4’46
4. La violence et la vérité 4’56
5. Le christianisme supérieur à la philosophie 5’42
6. Des contradictions indépassables 6’08
7. La fuite par le divertissement 5’39
8. L’anthropologie pascalienne 6’08
9. Introduction à Hobbes 1’21
10. Le désir de conservation de soi 5’15
11. Le besoin de sécurité 4’09
12. Abandonner son droit naturel 7’02
13. La force de la loi 3’48
14. Une première forme de laïcité 2’08
15. Conclusion 2’49
CD 3 : Spinoza et Leibniz
1. Introduction 2’24
2. Spinoza : la théologie politique et la métaphysique 2’03
3. Les frontières de la foi et de la raison 5’19
4. Une récusation de Hobbes 7’21
5. La nature de l’idée 4’39
6. «?Nous avons une idée vraie?» 6’02
7. Disparition de la dualité de l’âme et du corps 5’28
8. La morale spinoziste 2’00
9. Introduction à Leibniz 1’25
10. Une critique fondamentale de Descartes 5’34
11. Importance de la forme logique 4’40
12. Discours de métaphysique 5’56
13. La question de la Création 5’40
14. Les monades 4’36
15. Les «?petites perceptions?» 2’58
16. Réhabiliter l’idée de finalité 3’52
CD 4 : John Locke et David Hume
1. Les philosophes empiristes 2’28
2. Introduction à John Locke 3’24
3. Essai sur l’entendement humain 6’08
4. Dépasser la métaphysique 6’33
5. De l’identité personnelle aux droits de la personne 6’05
6. Habeas Corpus et inaliénabilité 2’23
7. Introduction à David Hume 2’50
8. Traité de la nature humaine 7’09
9. Se connaître dans sa différence 4’43
10. La fiction du moi 3’52
11. La force de la croyance 3’41
12. Les principes de la connaissance humaine 4’51
13. L’association des idées 4’50
14. La sympathie 7’10
15. Vers un nouvel ordre politique 6’56
La philosophie moderne commence avec Descartes qui, dès son premier grand travail (Règles pour la direction de l’esprit, inachevé), assigne à la philosophie une tâche nouvelle, la connaissance de l’esprit humain, de son étendue et de ses limites. Ce programme sera celui de la philosophie moderne au moins jusqu’à Kant, qui lui donnera sa forme définitive. La célèbre révolution copernicienne (faire tourner l’objet de la connaissance autour du sujet et non l’inverse) commence avec Descartes, qui, dans ce premier texte, recherche une méthode pour connaître tout ce que l’esprit peut connaître, par ordre et facilement. Pourtant, une méthode pour connaître et ordonner les connaissances existe depuis au moins Aristote, elle se nomme la logique et s’applique à tous les domaines et objets de la connaissance. Aux yeux de Descartes, cette logique est stérile et inutile. Avec elle, on n’a selon lui jamais trouvé quelque chose de certain. La méthode qu’il recherche est au contraire pour lui la seule voie pour engendrer de nouvelles et multiples connaissances certaines. L’idée moderne de la science apparaît alors : c’est celle d’une connaissance certaine et évidente, dont les mathématiques seules donnent l’exemple.
Qu’est-ce qui fait la certitude des mathématiques ? voilà la question directrice à laquelle Descartes va s’attacher avec constance. Si les mathématiques sont la seule science véritable jusqu’ici, c’est parce qu’elles portent sur des objets simples, les nombres et les figures. L’esprit humain les trouve en lui et non en dehors de lui. À condition de suivre une démarche rigoureuse et de faire attention à chaque opération, l’esprit engendre des connaissances sur ces objets de manière indéfinie. Il faut donc chercher dans l’esprit lui-même des objets du même type, possédant la même évidence que les nombres et les figures, mais de nature différente.
Il faut se tourner vers les idées que l’esprit a en lui et voir s’il n’y en a pas qui s’imposent à l’esprit avec la même nécessité que les idées de nature mathématique. La révolution consiste donc à se tourner vers les idées contenues dans l’esprit avant de se tourner vers les choses extérieures, comme les corps matériels ou les corps animés. Car ces choses ne sont connues que par les idées que l’esprit a déjà en lui. La voie des idées est alors ouverte.
Chaque philosophe de cette période exceptionnellement riche en grands génies philosophiques va suivre cette voie à sa manière, bien sûr, mais personne ne va contester ce point de départ cartésien : l’analyse de la connaissance doit précéder la connaissance des choses de l’univers. C’est seulement à partir de nos idées que nous pouvons connaître les choses. L’analyse des pouvoirs de l’esprit est alors le préalable reconnu comme tel par tous les philosophes de la période, qui va de Descartes jusqu’à Hume : 150 ans au cours desquels se sont succédés des penseurs et des savants qui ont créé la philosophie moderne et ses différents courants. Après Descartes, dans son sillage mais aussi contre lui, dans le ciel de la philosophie apparaît une constellation de penseurs de première grandeur : Pascal, Hobbes, Spinoza, Leibniz, Locke, Berkeley, Hume. La recherche philosophique accompagnant la «?révolution scientifique?» commencée avec Galilée s’engage alors dans «?la voie des idées?».
C’est cette voie que nous allons suivre, en soulignant sa continuité mais sans chercher à réduire les différences et les oppositions entre des philosophes qui n’ont d’ailleurs jamais cessé de se discuter, de se contester, de se réfuter, mais toujours dans la perspective épistémologique qui leur est commune : la connaissance de l’esprit humain, l’analyse des pouvoirs de l’entendement humain.
Pierre Guenancia
Chronologie des principales œuvres philosophiques des auteurs étudiés
Descartes :
Règles pour la direction de l’esprit, 1628
Discours de la méthode, suivi de 3 essais : La Dioptrique, les Météores et la Géométrie, 1637
Méditations métaphysiques, 1640
Les Principes de la philosophie, 1644
Les Passions de l’âme, 1649
Pascal :
Les Provinciales, 1656-1657
De l’esprit géométrique et de l’art
de persua-der, 1657-1658
Les Pensées, (1ère éd. 1670)
Hobbes :
Le Citoyen, 1642
Le Léviathan, 1651
Spinoza :
Traité théologico-politique, 1670
Éthique, 1677
Traité politique, 1677
Leibniz :
Discours de métaphysique, 1686
Essais de Théodicée, 1703
La Monadologie, 1714
Nouveaux Essais sur l’entendement humain,
(1ère éd. 1765)
Locke :
Lettre sur la tolérance, 1686
Essai sur l’entendement humain, 1690
Traité du gouvernement civil, 1690
Berkeley :
Traité des principes de la connaissance humaine, 1710
Trois dialogues entre Hylas et Philonous, 1713
Hume :
Traité de la nature humaine, 1737
Enquête sur l’entendement humain, 1748
Enquête sur les principes de la morale, 1751
Pierre Guenancia, né à Oran (Algérie) en 1949. Études secon-daires à Paris. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de philosophie, docteur d’État ès-lettres. Professeur de khâgne puis professeur d’histoire de la philosophie moderne à l’université de Bourgogne.
Bibliographie
Du vide à Dieu. Essai sur la physique de Pascal, Maspero, 1976.
Descartes et l’ordre politique, PUF, 1983.
Descartes, Bordas, 1986.
L’identité, in Notions de philosophie, t. II, «?Folio essais?», 1995.
Descartes. Bien conduire sa raison, Découvertes Gallimard, 1996.
L’intelligence du sensible. Essai sur le dualisme cartésien, «?NRF essais?», Gallimard 1998.
Lire Descartes, «?Folio essais?», Gallimard, 2000.
Le regard de la pensée. Philosophie de la représentation, PUF, 2009.
Descartes chemin faisant, Les Belles Lettres / Encre marine, 2010.
Divertissements pascaliens, Hermann, 2011.
Descartes et l’ordre politique, nouvelle édition augmentée, «?Tel?», Gallimard, 2012.
Liberté cartésienne et découverte de soi, Encre marine, 2013.
Les Presses Universitaires de France et Frémeaux & Associés proposent un cours particulier sur l’histoire de la philosophie qui est donné ici par Pierre Guenancia, professeur à l’Université de Bourgogne et spécialiste de l’histoire de la philosophie moderne. De Descartes jusqu’à Hume, la philosophie moderne voit se succéder en 150 ans à peine des penseurs et des savants qui ont donné à la philosophie un formidable essor. Accompagnant la «?révolution scientifique?» commencée avec Galilée, la recherche philosophique s’assigne une nouvelle quête : la connaissance de l’esprit humain, de son étendue et de ses limites. Par l’usage de la raison, les Modernes refondent la philosophie et ouvrent la «?voie des idées?»?; Pierre Guenancia nous invite ici à l’explorer.
Claude COLOMBINI FREMEAUX
Ecouter La Philosophie moderne : la voie des idées par Pierre Guenancia (livre audio) © Frémeaux & Associés 2015