LOUIS FERDINAND CELINE

ANTHOLOGIE 1894-1961

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Booklet : 32 PAGES
Number of CDs : 2


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FA187

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Anthologie officielle en 2 CD avec Céline, Michel Simon, Arletty, Pierre Brasseur, Albert Zbinden et Louis Pauwells.

Livret 32 pages avec textes de Paul Chambrillon, Jean d'Ormesson et Albert Zbinden.

Le monde n'est, je vous l'assure, qu'une immense entreprise à se foutre du monde.
Louis-Ferdinand Céline.

Paul Chambrillon ( producteur des enregistrements de Céline avec Arletty et Michel Simon en 1955) propose pour la première fois une anthologie de Louis-Ferdinand Céline, en cédant à Frémeaux & Associés les droits d'édition sonore.
 Ce coffret de deux compact-disques regroupe des textes de Céline enregistrés par Michel Simon, Arletty, Pierre Brasseur, des entretiens d'Albert Zbinden et Louis Pauwels avec Céline.
Cet ouvrage sonore est accompagné d'un Livret présentant des écrits de Paul Chambrillon, Albert Zbinden et Jean d'Ormesson de l'Académie Française. Ce collectage d'enregistrement présente pour la première fois la somme des documents sonores sur l'écrivain prodigieux du XXe siècle.
Patrick Frémeaux

De ce document sensationnel, dont nous conseillons l'achat à tous les admirateurs de Céline, la face que nous préférons est celle du Voyage au bout de la nuit. Le texte, sous la voix de bronze un peu gouailleuse de Michel Simon, est encore plus percutant qu'à la lecture et nous révèle, cette fois par l'oreille, quel maître prodigieux fut Céline dans la vision directe, et dans cette refonte de la syntaxe qui donne à chacune des phrases l'éclat de la vérité brute.
Théophile Briant, avril 1956

Production : Groupe Frémeaux Colombini SAS sous la direction de Paul Chambrillon en avec la Succession Céline et Maitre Gibaud, Gallimard, Musidisc, Succession Louis Pauwels et Jean d'Ormesson.

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ANTHOLOGIE CELINE

ANTHOLOGIE CELINE
1894-1961 









SOMMAIRE 
Discographie Page 5
Histoire des enregistrements (Paul Chambrillon dit François Gardet) Page 7
Trois anecdotes (Paul Chambrillon) Page 19
Abécédaire célinien Page 22
Ma visite à Céline (Albert Zbinden) Page 24
Le cavalier de l’Apocalypse* (Jean d’Ormesson) Page 28
*Titre du tome III de la biographie de Céline par Maître Gibault. 

Céline (Louis Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand), écrivain  français (Courbevoie 1894-Meudon 1961). Engagé dans l’armée, blessé, décoré et réformé, il devient médecin – d’abord itinérant pour le compte de la S.D.N., ce qui lui donne l’occasion de voyager en Europe, Amérique et Afrique – et pratique une médecine sociale et populaire. Antisémite déclaré (Bagatelles pour un massacre, 1937) et collaborateur, il connaît l’exil et la prison au Danemark (1945-1951) avant de retrouver la France, où il partage les dix dernières années de sa vie entre son œuvre littéraire et son cabinet médical. Le «style émotif» célinien, savante furie verbale, haletante et rabelaisienne, est le mode d’une dénonciation des mensonges sociaux dans une évocation grotesque, triviale et macabre de l’absurdité de l’homme qui vit dans un monde en dislocation (Voyage au bout de la nuit, 1932; Mort à crédit, 1936; Guignol’s Band, 1943; D’un château l’autre, 1957; Nord, 1960; Rigodon, 1961; le Pont de Londres, 1964).    
GRAND LAROUSSE (© LAROUSSE 1997) 

ANTHOLOGIE CELINE
Dirigée par Paul Chambrillon 

CD 1
1. Voyage au bout de la nuit - La guerre, interprété par Michel Simon 21’26
2. A nœud coulant, chanson interprétée par Louis-Ferdinand Céline (L.-F. Céline - Jean Nocetti)    2’19
3. Céline vous parle (Festival) (Licence Musidisc) 16’55
4. Voyage au bout de la nuit - La mère Henrouille, interprété par Pierre Brasseur (Festival) (Licence Musidisc)    13’10
5. Mort à crédit - Les vacances en famille, extrait interprété par Arletty (Festival) (Licence Musidisc)    6’13
6. Entretien inédit 9’18

CD2
1. Mort à crédit - Le certificat d’études, interprété par Arletty    7’58
2. Mort à crédit - Le départ pour l’Angleterre, interprété par Arletty    16’08
3. Règlement, chanson interprétée par Louis-Ferdinand Céline (L.-F. Céline - Jean Nocetti)    3’43
4. Entretien avec Albert Zbinden    29’36
5. Le chaland qui passe, chanson chantée par Suzanne Delmas      avec orchestre musette Valentino (Bixio - de Badet)    3’02
6. Entretien avec Louis Pauwels      (Accord Marie-Claire Pauwels - © INA)    13’33
P FRÉMEAUX & ASSOCIÉS © 2000 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS - MME DESTOUCHES - PAUL CHAMBRILLON
 
A la mémoire de mon cher  Jacques Kohlmann,
à notre amitié toujours présente,
ce coffret est affectueusement dédié.
   P. Ch.  


Paul Chambrillon
Histoire des enregistrements
Le coffret que voici reprend tous les enregistrements que j’ai réalisés et/ou publiés sur disques 33T concernant Louis-Ferdinand Céline. Leur histoire peut intéresser dans la mesure où elle concerne celui que l’on estime être - à l’unanimité moins une voix et demi - le plus important écrivain de langue française du XXe siècle. J’étais jeune quand j’ai découvert Céline. Comme d’autres enfants esseulés je lisais beaucoup, après avoir appris seul dans les Pieds Nickelés de Louis Forton. En 1937 parut Mort à crédit. J’avais treize ans. Ce gros livre m’attirait : les publications de Robert Denoël étaient des objets typographiques séduisants. Ma mère put me l’offrir ; elle disposait de “facilités” de paiement à la Librairie Flammarion alors place de la République.

Je passai là à la vitesse supérieure. Surtout, je découvris une magie imprévue : la transcription “musi­cale” de mon propre langage quotidien... gouaille de faubourg, bagout des classes médiocres, pointes d’argot, “longues” de comptoir que les Normaliens peu informés assimilent aux propos d’ivrogne. Grandi, sinon élevé, aux confins d’Aubervilliers dans une famille ravagée par la guerre, j’échappais à ma timidité d’enfant pour m’affirmer dans la vivacité verbale. Employée de magasin, veuve dite “de guerre” à 27 ans après quatre mois de mariage, ma mère parlait de même avec une verve légère, une gaîté qui voulait nier son destin tragique. Bien avant 1936, elle disposait de quelques semaines de vacances et après une visite au Mont de Piété, elle m’emmenait “à la campagne” chaque été. Cette année là, nous étions logés dans une modeste pension savoyarde, au Vivier, chez les Mietton dits “d’en haut” par opposition à leurs cousins “du lac”.

Chacun dans son lit de notre chambre sans eau courante, je lisais le soir à haute voix les aventures de Ferdinand. Elle se tordait de rire, car pour ceux qui sont à l’aise dans ce langage, il n’est pas de lecture plus désopilante que cette tragédie d’un enfant mal loti. Je découvrais ainsi sans le formuler que Céline était fait pour la haute voix donc, en quelque sorte, pour le théâtre. On comprend peu de chose aux livres de Céline si l’on ignore cela et moins encore si l’on ne perçoit pas qu’il s’agit avant tout de poèmes. Mot qui, en France, est source de malen­tendus. En Russie, Gogol a sous-titré ses Ames mortes “poème”, et nombre de livres en prose ne sont pas autre chose, comme par exemple Quartier réservé de Pierre Mac Orlan. Raymond Queneau a noté : “J’ai écrit des romans avec cette idée de rythme, cette intention de faire du roman une sorte de poème”. Un livre important de Roger Rabiniaux, l’Honneur de Pédonzigue, est un “vrai” poème, sorte de Tragiques bouffons pour une année bouffonne : 1946. L’auteur a préféré l’impair : sept pieds tout du long.  En 1989, Catherine Dasté écrit : “Je perçois plus que jamais, partout, un besoin, une soif de poésie, et le sentiment d’un danger à conjurer. Dans un état du monde où la valeur est le trafic, la marchandise, la poésie semble inutile et sa disparition éventuelle sans importance. (...) Elle est nécessaire à la langue. Et la langue est ce qui nous fait homme. Cette vérité et ce danger de perte de la langue sont aujourd’hui obscurément perçus”. Femme de théâtre, elle conclut au besoin d’oralité de la poésie qui “ne doit pas se restreindre à la lettre, au livre, à l’œil lisant sur la page imprimée”. 

C’est animé d’un même souci que Céline disait : “J’aurais voulu être musicien ; le langage musical est évidemment plus émotif”. Des chercheurs n’ont-ils pas découvert des octosyllabes dans ses romans ? Tout son œuvre publié est un plaidoyer incessant pour les rythmes profonds du langage, formulé à travers le sien, le savoureux parler parisien des petites gens. 

LE MICROSILLON
D’un jour à l’autre, le “microsillon” périma les discothèques, vraie révolution pour la communication musicale. Des compositeurs étaient révélés au public. Pouvait-il en aller de même pour l’expression littéraire oralisée ? Je l’ai pensé tout de suite, et que l’art célinien devait en profiter. J’ai dit comment j’étais entré de plain pied dans l’univers de Ferdinand. D’autres lecteurs, modelés par le langage académique, se faisaient moins aisément à la cavalcade de la phrase, aux points de suspension. L’aisance d’Arletty livrerait de nouvelles clés. Charmé de ces perspectives, j’en vins à fonder une association d’amateurs (Octogone). Mon ami le plus proche me soutenait : Jacques Kohlmann, actif secrétaire de l’Académie du disque français de Michel de Bry. On trouve une trace de ce temps-là dans le dallage de la Comédie-Française. Curieux de tout, Jacques était subtil amateurs de textes. Nous échangions nos découvertes : il m’apporta un jour les volumes qu’un anonyme (Pierre Bettencourt) imprimait lui-même. Rencontre ! J’étais captivé par un recueil du même, mais signé, dans la collection “Métamorphoses” (NRF). Comme moi, Jacques pensait qu’un Céline écouté gagnerait de nouveaux lecteurs et qu’un disque réussi contribuerait à miner le silence occultant une œuvre importante, ce que Paul Morand appellera “la malédiction sociale dont fut frappé, pendant vingt-cinq ans, l’écrivain le plus original et le plus puissant de notre siècle”. Jacques voulut aider mon projet de toutes les manières.

Je ne saurais dire pourquoi s’était imposé à moi que les interprètes de cette entreprise ne pouvaient être qu’Arletty et Michel Simon. Mais il fallait approcher le Sacré Monstre. Jacques eut la gentillesse de m’accompagner quand je rendis visite au grand acteur dans son modeste logement de la rue Beauregard. Michel nous reçut cordialement, assis sur son lit défait tandis que, derrière une porte mince, frémissait quelqu’un qui ne pouvait être qu’une partenaire discrète. Michel nous dit oui d’enthousiasme. Pour Arletty, je n’avais eu besoin de personne pour la rencontrer dans sa loge du Théâtre Antoine où elle jouait Les Compagnons de la Marjolaine, une comédie de Marcel Achard. Là encore, la réponse fut immédiate. Naturellement, la première visite avait été  pour l’auteur. Mon cher Albert Paraz avait déniché un prétexte à cette rencontre : proposer à Céline de le conduire en 2CV de la maison de la route des Gardes au studio où un journaliste niçois, Robert Sadoul, voulait l’interviewer. Le studio était proche de l’avenue George V et devant le Fouquet’s, j’avais proposé à Céline de prendre un verre - sans doute un verre d’eau... - dans cet établissement à la mode. Sa haute silhouette enveloppée dans une cape de bure, sa coupe de cheveux abrupte avaient causé une certaine surprise parmi les consommateurs...

La mutation vestimentaire du docteur Destouches après son retour d’exil serait un sujet de réflexion intéressant que, et c’est dommage, nous n’avons pas la place de traiter ici. En revanche, marquons une pause le temps de tordre le cou à un canard : tout au long des années où j’ai rencontré constamment Céline et la charmante Lucette à Meudon, non seulement ils nous ont reçus avec une parfaite égalité d’humeur, une disponibilité entière, mais j’ai vu cet écrivain occupé de son travail recevoir avec bonne grâce un certain nombre de clampins que, personnellement, j’aurais vivement remerciés s’ils étaient venus me faire perdre mon temps chez moi, curieux divers, pigistes hasardeux ou étudiants pincés. Tout ce que l’on raconte du Céline bougon et hostile est du bavardage pur et simple, de la légende mal documentée. Bien entendu, il n’était pas toujours disponible pour tout le monde, et le docteur était aussi un grand malade. Anecdote : un de mes camarades peintre élevait une corneille dans son atelier et celle-ci, bon critique d’art, déféquait volontiers sur les toiles de l’artiste. Lequel finit par en prendre ombrage : la corneille allait  finir ses jours dans le pot-au-feu. Pour éviter cela, je proposai d’offrir la corneille à Céline qui habitait la frontière d’un bois. Celui-ci accepta la proposition, enchanté de ce nouveau compagnonnage. Bien entendu, quand j’empoignai la cage, le peintre demanda à remettre lui-même le volatile à son nouveau maître... J’avais donc le peintre dans ma voiture quand je déposai l’oiseau, et je demandai la permission de le faire venir. Céline refusa, disant : aujourd’hui je suis fatigué, mais qu’il revienne un autre jour. Quinze jours plus tard, le père de la corneille fut reçu avec gentillesse. Au début de nos relations, je ne venais jamais sans téléphoner auparavant. Céline me dit un jour : ce n’est pas la peine de vous annoncer, venez quand vous voulez. 

LES MALHEURS D’UN ENREGISTREMENT
Le projet de disque avait beaucoup traîné : c’est que Michel Simon avait été frappé d’un mal pénible. A la suite de l’application d’une teinture dangereuse, il souffrait de troubles du système nerveux et se déplaçait péniblement. Quelques objections se greffaient là-dessus, du genre de : Si j’enregistre ces pages sur la guerre (début de Voyage...), les militaires viendront me fusiller (sic). Il songeait sans doute aux militaires helvétiques dont il avait gardé un triste souvenir... Je finis par le convaincre à force de patience et de douceur et nous eûmes rendez-vous dans un studio que Jacques Kohlmann avait retenu près de l’avenue de Versailles. Arletty était charmante comme toujours, et Michel, apparemment rétabli, plus faunesque que jamais ! L’enregistrement se passa on ne peut mieux, Michel joua l’entrée de Bardamu dans la guerre, et Arlette deux épisodes de la jeunesse de Ferdinand. A ma demande, Céline avait enregistré quelques phrases que je pensais utiliser lors du montage.

Mais la qualité de la bande laissait à désirer et les spires décalquèrent. C’était à recommancer. Pour nous excuser auprès des interprètes, on utilisa du matériel portable dans les endroits qui les dérangeaient le moins. Pour Michel, ce fut l’Hôtel de Beaujolais (aujourd’hui disparu) dans la rue du même nom ; il jouait à l’ABC une pièce de Jacques Deval et ne pouvait s’éloigner du théâtre. Là encore, Céline avait bien voulu m’accompagner. Heureusement ! Alors qu’il se tenait discrètement dans un salon voisin, Michel s’arrêta pile au milieu d’une phrase. Qu’y avait-il ?
- Non ! me dit-il, je ne peux pas dire cela !
- Mais quoi donc ?
- “Ce colonel, pire qu’un chien, il n’imaginait pas sa propre mort”...
- Mais...
- Je ne veux pas dire “pire qu’un chien”! C’est dire du mal des chiens! C’est diffamer les animaux...
Après avoir pâteusement tenté de démontrer le contraire, je filai vers Céline la sueur aux tempes. 
- J’y vais, dit-il...
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu peux pas dire quelque chose ? Michel renchérit, un ton en dessous. Céline réfléchit un instant et lâcha :
- Ben t’as qu’à dire : “pire qu’un r’crue”.
Michel en eut le souffle coupé et j’eus l’impression qu’il regrettait un peu que les choses s’arrangent si vite. Il souffla :
- Pire qu’un recrue ? Mais... mais... c’est du féminin...
- Ouais, mais ça fait rien, dis-le comme ça.
Toujours la musique ! Et c’est ce qui fut fait. Grâce aux scrupules animaliers de ce magnifique emmerdeur, nous eûmes droit à une version nouvelle de Voyage au bout de la nuit. Cela valait le dérangement !

Dans l’appartement d’Arletty rue Raynouard, il n’y eut pas de blague de ce genre. Une seule question fut posée : dirait-on “avec un bandit sur les oss” ou “sur les ô”. L’auteur choisit la dernière formule, moins populaire que l’autre.
L’appartement comportait une entrée à porte vitrée, où s’étaient placés les techniciens. Après le travail d’Arletty, parfaitement à l’aise dans ces textes, nous bavardâmes librement. Quelle idée me passa par la tête ? Je dis :
- Dites-moi, docteur, vous n’avez pas écrit des chansons ?
- J’en ai écrit deux, et j’ai dicté la musique à Jean Nocetti.
- Vous ne voudriez pas nous les  chanter ?
Céline se mit à pousser la romance a cappella. J’avais fait un clin d’œil à l’ingénieur du son, et tout fut enregistré, ponctué d’un rire d’Arletty.
Nous sortîmes. Sur le trottoir, Céline me dit :
- Vous n’avez pas enregistré les chansons, hein ?
- Beuh...
- Bon, d’accord, mais c’est pour vous... En fait, un accordéoniste. - je crois que c’était Aimable - “rerecorda” un accompagnement. Céline se montra indulgent et m’offrit quelques semaines plus tard le manuscrit de Règlement.
Je reçus une autre récompense lorsqu’un soir, entrant au bar du Décaméron comme c’était alors la coutume, je vis Antoine Blondin accroché à la sainte-table, me tournant le dos. Soudain, il entonna :
Je te trouverai, charogne,
Un vilain soir !
Je te ferai dans les mires...
J’avais entendu cette musique-là quelque part ! Et dire que si la première bande magnétique avait été de bonne qualité, ces deux œuvres seraient demeurées inconnues.

Ces chansons ne sont pas, comme l’ont supposé des lecteurs inattentifs, des blagues de carabin, mais le signe de l’intérêt que Céline portait à cette forme littéraire. Il appréciait beaucoup Bruant. Au cours d’une interview, il racontait qu’au temps de sa jeunesse, tout le monde chantait, et qu’il n’était pas rare qu’un trottin, remontant le passage Choiseul, commence une chanson en entrant et la mène ainsi jusqu’au bout... Où en sommes-nous, hélas ! On peut dater le commencement de la fin de nos chansons grâce à un témoignage des frères Tharaud (Une relève, 1924). La scène est en 1914. Elle vaut d’être citée : “La dernière fois que j’ai entendu chanter, c’était (...) sur la route de Saint-Germain, tout encombrée de gens à pied, en voiture, en charrette, qui, depuis la Somme et l’Oise, fuyaient devant l’invasion. Les pauvres fugitifs considéraient avec surprise l’entrain de notre troupe, soit que la détresse leur fit paraître notre gaieté broyante comme une offense à leur chagrin, soit qu’ayant eu déjà la vision de la guerre, ils nous plaignaient par avance, étonnés de nous voir joyeux. Je sens encore le regard d’une femme se poser sur moi une seconde, avec un tel accent de reproche ou de pitié, que la chanson s’arrêta dans ma gorge...”. La radio a fait le reste ! Les midinettes ne chantent plus, et même les “manifs” sont sonorisées par des camions hurleurs! Ce disque fut bien accueilli sauf par un chroniqueur “musical” qui affirma préférer... Jehan Rictus à Céline... A Montmartre, ma femme et moi étions devenus, en toute discrétion, citoyens d’honneur de la Butte. Personne ne commentait mais il y avait toujours un verre chez Attilio et la Grange de Jacques Lebouc devint notre point de chute favori...

Pour revenir à la chanson, je suis heureux de commencer cette nouvelle présentation par l’œuvre de René Fourré et Paul Libens. Elle vient de Belgique, et ce n’est pas le lieu d’écrire ici le bien que j’en pense. Je puis dire seulement que je ne l’écoute jamais sans émotion. D’autre part, on écoutera une version rare d’un certain air que les lecteurs de Céline ne seront pas surpris d’entendre : ils discerneront le clin d’œil vers un épisode savoureux de Voyage au bout de la nuit. Reste à dire les circonstances qui m’ont fait publier l’entretien avec Albert Zbinden. Après avoir réalisé avec une maquette graphique de Massin l’unique disque de la Pléiade qui prit, cette année-là, la place du fameux album, j’avais songé à composer une série de 33T/25 cm pour accompagner la collection encyclopédique de Gallimard, la Bibliothèque idéale. Un tel mariage que le disque compact rend aisé était alors difficile à mettre au point. Après quelques essais d’emballages groupant deux objets aussi différents, j’abandonnai le projet, non sans avoir publié trois titres (dont un Kafka avec l’étonnant comédien Roger Blin, un Cocteau avec l’auteur...). Un Céline s’imposait, comme il s’imposa en 1998 pour lancer les CD-Rom du même éditeur. Hélas, Céline nous avait quittés et je devais trouver un document. C’est ce que je pus faire à la Radio suisse romande où je chroniquais alors avec Michel Dovaz. Zbinden dormait dans les archives et la radio autorisa gracieusement sa reproduction. Le dialogue est excellent, peut-être d’abord parce que l’excellent journaliste qu’était Zbinden, ne dissimule pas une agressivité certaine à laquelle un Céline en forme réagit avec une précision chirurgicale. Les responsables de la collection de la Pléiade ont bien fait de transcrire le texte de ce disque dans un de leurs volumes. J’avais eu le bonheur d’enregistrer Céline vous parle à la demande de M. Georges Beaume, directeur de collection des disques “Festival”.

Bien qu’aucun enregistrement de cet ordre n’ait dû paraître dans la présente compilation, on ne saurait se passer de résumer la présence de l’œuvre célinienne dans le monde du théâtre ou - pour davantage de pré­cision - des spectacles vivants. Le premier fut celui de Claude Duneton inspiré du texte des Beaux Draps, à la librairie-théâtre des “Anamorphoses”. Mais le titre principal dans ce domaine est l’Eglise, “cinq actes au fer rouge” selon la formule de Charles Plisnier reprise par Robert Denoël lors de la parution dans la jolie collection Loin des foules. Céline parlait de cette œuvre avec une modestie un peu désinvolte que l’on peut considérer aujourd’hui comme injustifiée. C’est que l’Eglise était très en avance sur le temps de l’écriture dramatique... qui l’a bien rattrapée aujourd’hui. Certes, il y avait de quoi déconcerter lors de sa création à Lyon par une troupe d’amateurs (voir toutes informations dans la biographie de Me François Gibault, 3 vol., au Mercure de France). Les “règles” de la composition dramatique d’alors y étaient négligées. Deux metteurs en scène ont prouvé ensuite que cela importait peu...

Un jour que nous malaxions les volumes de la Librairie théâtrale rue Marivaux, Jean Rougerie me fit part de son désir de jouer l’Eglise au théâtre d’Antony qu’il dirigeait : j’avais appris la veille que François Joxe commençait ses propres répétitions ! J’incitai Jean à monter les Entretiens avec le professeur Y, un pamphlet dialogué tout prêt pour le théâtre (voir le numéro spécial de la revue L’Avant-Scène). Il le porta magistralement à la scène en compagnie de Jean Saudray. Le travail de François Joxe, un succès, fut suivi quelques années plus tard de celui de Jean-Louis Martinelli, ambitieux, plus riche et plus conforme aux indications scéniques initiales. Je préfère le premier qui res­titue fidè­lement l’esprit de la pièce.

De nombreuses tentatives ont été faites, dont celle d’André Dunand, bien accueillie par les étudiants. En 1996, une jeune comédienne passionnée du rythme célinien, présenta un Guignol’s Band remarqué : Catherine Sorba a réalisé là avec sa Compagnie théâtrale une pluie d’images céliniennes qui reste dans les mémoires. Claude Mann a enregistré un superbe disque très per­sonnel (Ed. Adès). Mais dominant le paysage dramatique, c’est le spectacle de M. Fabrice Luchini sur Voyage au bout de la nuit qui a le mieux transporté à la scène l’ambiance et la musique de cette œuvre. Luchini a composé avec force et vérité. Lorsqu’il pose son imperméable sur une chaise de cui­sine, seuls accessoires du spectacle, c’est bien Bardamu que nous avons sous les yeux, pauvre médecin des pauvres partagé entre le malheur de ses malades et sa propre anxiété. Après ce spectacle sans cesse repris, il a récidivé avec une anthologie où se retrouvent cinq auteurs majeurs... dont Céline. Le spectacle a été filmé (Par cœur), renouvelant un succès inépuisable. M. Luchini a bien servi la littérature dans son essence, l’art dramatique, et Céline.
Paul Chambrillon

© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS - GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2000


T R O I S   A N E C D O T E S 

Céline et JOUHANDEAU
J’avais accompagné ce jour-là Céline pour je ne sais quelle démarche dans Paris et au retour vers Meudon, je lui demandai à m’arrêter un instant rue du Commandant-Marchand où résidait alors Marcel Jouhandeau : j’avais à lui remettre l’épreuve du disque que je venais de faire avec lui. Là je courus vers le pavillon qu’il habitait avec Elise au fond d’un petit jardin. Sa bibliothèque et son cabinet de travail étaient au premier étage. Il me proposa de nous asseoir un moment pour une conversation, comme nous en avions coutume. Je lui dis :
- Pardonnez-moi, monsieur, mais je dois partir. Il y a quelqu’un dans ma voiture.
Connaissant mes pratiques résolument hétérosexuelles, il m’adressa un sourire complice...
- Non monsieur. Cette fois, c’est Louis-Ferdinand Céline.
Il ouvrit la bouche, leva les bras au ciel et se précipita dans l’escalier où je le suivis.
Devant la voiture, il prit la main de Céline dans les siennes. Je lui laisse la parole :
“Nous nous sommes régardés un moment les yeux dans les yeux. Pas un mot de sa part ou de la mienne. Seul convenait le silence à notre mutuelle émotion.”
“La mienne était certaine et pour (la) cause la plus vive, la plus violente. En lui je vénérais la Pauvreté, le prestige du Martyre. Pour moi, je n’avais que mes ouvrages qui pussent me recommander, et que le relief des siens faisait paraître si peu de chose.”
“Je l’ai quitté, comme on ne peut supporter l’éblouissement causé par la modestie la plus injustifiée, par une modestie dont la majesté m’accablait. Je me suis retiré, autant que je me souviens, à reculons, pour ne pas avoir à me retourner. Rien ne devait lui déplaire comme l’expansion! ne lui plaire comme l’économie du geste.”
 “Toute la soirée qui suivit, je suis resté bouleversé, comme après le passage d’un événement cosmique incompréhensible” (lettre à l’Herne, n°3).
Ces deux hommes s’étaient rencontrés là pour la première et d’ailleurs la seule fois. Bien entendu, je n’ai pas prononcé la phrase que Jouhandeau me prète, par discrétion, au début de son récit publié. 

Les soldats de quarante
Un après-midi d’été, nous étions dans le jardin de Meudon, avec Albert Paraz, en train de prendre le thé, base de la nourriture de Lucette et de son mari. Comme parfois lorsqu’il se sentait dans un climat amical, Céline ne laissa aller à bavarder sans trop s’occuper des gens présents. Il en vint à évoquer les soldats de 1940 sur le ton : “Ah là là ! s’ils avaient fait comme nous en 14…”. Dans la bouche du Grand Lucide, cela faisait saugrenu, mais personne n’intervint. Tout de même, Paraz profita d’un silence pour glisser, de sa voix cassée par la laryngite : Dis donc, ils avaient peut-être lu le Voyage au bout de la nuit ? Céline se tut… et l’on parla d’autre chose.  

LA MORT DE PARAZ
Paraz était un grand malade. Sa mort n’en fut pas moins un coup de tonnerre pour tous ceux qui l’aimaient. Céline se tint silencieux… à qui se confier ? J’écrivais alors dans un périodique où l’on savait mes liens avec lui et l’on me demanda d’intervenir. J’avais un argument : que dirait-on de son silence ? Il écrivit alors un court texte que je fis reproduire en facsimilé et qui se terminait, comme on sait, par ces mots : “Les morts veulent-ils entendre autre chose que : au revoir, à bientôt”. Et tout fut sauvegardé. P. Ch. 

Lors des premières publications, Paul Chambrillon a signé de son pseudonyme : François Gardet. 

Abecedaire celinien
a    Celui qui parle de l’avenir est un coquin.
b    Et puis d’abord on ne devrait jamais écouter les femmes qui ne sont pas belles, elles ne peuvent dire que  des bêtises.
c     On a toujours été bien travailleur dans ma famille. Et bien con.
d    Dieu est en réparation.
e     L’école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé.
f     Ce monde n’est je vous l’assure qu’une immense entreprise à se foutre du monde.
g     Rien n’est gratuit en ce bas monde. Tout s’expie, le bien comme le mal, se paie tôt ou tard. Le bien, c’est beaucoup plus cher, forcément.
h     Heureux ceux que gouverna le cheval de Caligula.
i       Dans l’Histoire des temps, la vie n’est qu’une ivresse, la vérité c’est la mort.
j     De nous si le mot merde subsiste ça sera déjà bien joli.
k     Entre toi, moi et le rabbin Kaplan, pour Chou En lai, aucune différence. Et son milliard de bourreaux.
l     La loi, c’est le grand Luna Park de la douleur, quand le miteux se laisse saisir par elle, on l’entend en­core crier des siècles et des siècles après.
m    Les cons sont la majorité, c’est donc bien forcé qu’ils gagnent.
n     Je donnerais tout Baudelaire pour une nageuse olympique.
o    J’ai la mentalité d’un ouvrier d’avant-guerre.
p    Vous savez, pour conduire les peuples on n’a jamais eu depuis le commencement du monde que le prestige de la guerre qu’on vient de gagner et le pres­tige de celle qu’on va gagner.
q     Quand elle a fini d’être môme, l’humanité tourne funèbre, le cinéma y change rien… au contraire… de quoi elle serait gaie ?
r     Le vrai rideau de fer, c’est entre les riches et les miteux…
s     Vera - Ah ! Ferdinand… Tant que vous vivrez, vous irez entre les jambes des femmes demander le secret du monde !
t     Il faut être fou pour tuer un homme de face, bout portant… ça demande un certain délire.
u     La critique a été immonde, droite ou gauche, je fais l’union et le summum de la haine envieuse, aveugle, de la hargne fumière.
v     Etre la grande victime de l’Histoire ça ne veut pas dire qu’on est un ange !…
y     - Mais c’est stupide !  Voyons ! absolument faux !… Vraiment, voilà une plaisanterie !… Je m’appelle Co­lonel Réséda !… pas du tout Professeur Y !

Certaines de ces phrases ne sont pas exprimées par l’auteur mais par un de ses personnages.

Albert Zbinden
Ma visite à céline
En 1957, Céline sortit de l’ombre. Rentré du Danemark en 1951, il s’était installé avec sa femme dans un pavillon de Meudon, aux portes de Paris, comme s’il avait craint de rentrer dans la ville. C’était étrange. On le savait là, mais le silence l’absentait. Des ombres l’enfermaient, des remugles de prison, de procès, d’exil traînaient après lui. On le disait ma­lade et déjà, pour beaucoup, perdu pour la littérature. C’est alors qu’on annonça brusquemment la prochaine publication de D’un château l’autre. Cela fit le bruit d’une bombe. Les journalistes furent alertés. On nous promettait un grand livre. Roger Nimier, qui courait de Paris à Meudon, s’en portait garant. Il n’avait pas tort. C’était un grand livre. Céline n’était pas mort. Son second souffle était même un renouvellement: une prose moins artiste peut-être, mais plus prenante, allant au pathétique sans cynisme. Peu après, on nous informait que Céline consentait à rencontrer la  presse. Je soupçonne Nimier de l’avoir convaincu d’accepter cette corvée. Aucun journaliste ne l’escomptait. On nous offrit Céline sur un plateau. Nous nous précipitâmes.

Un après-midi de juillet, annoncé par Nimier, je pris le chemin de Meudon, jusqu’à la porte de sa maison, ou plutôt de son mur. Sur une plaque, on lisait  “Docteur L. F. Destouches, de la Faculté de médecine de Paris, de 14  à 17 heures, sauf vendredi”. Et au- dessous, en plus gros caractères, sur une autre plaque : “Madame Lucie Almanzor, danse classique et de  caractère.” La porte s’ouvrit. Elle donnait sur un jardin en friche. Des chiens aboyèrent. La maison était un petit pavillon de banlieue en pierre grise, comme il y en a tant en Ile-de-France, avec un peu de verrière sur le côté où l’on entre.

J’avançai avec émotion vers elle. Que de fois, depuis une semaine, n’en avais-je pas imaginé l’approche, puis le moment d’y pénétrer. Mais je n’avais pas imaginé quel concert m’y attendait : des voix d’enfants sur un air de piano. C’était la classe de Madame Almanzor, la femme de l’écrivain. Pendant tout le temps que je fus avec Céline, sauf celui de l’enregistrement de notre conversation, pour lequel nous obtînmes le silence, tomba sur  nous cette pluie sonore, fraîche et joyeuse. Elle contrastait avec le singulier décor où l’on me fit entrer. Céline était gris et sale. Il portait sur un corps affaissé un visage marqué de fièvre et d’angoisse. Ses yeux, alourdis de paupières qu’il semblait avoir du mal à tenir levées, étaient comme délayés et cependant brûlants. Son regard était difficilement soutenable. C’est pourquoi je m’accrochai d’abord au décor avant de lui revenir. Le bureau de travail de Céline était encombré de livres, de caisses, de pots, de cartons, d’ustensiles divers, vides ou pleins, qu’il fallait enjamber pour se mouvoir. C’était un bric-à-brac, avec des choses poussiéreuses. Un perroquet trônait sur une pile de vieux journaux. Comment Céline se retrouvait-il dans ce désordre ? Plus tard, il m’indiqua ses repaires : des flèches au crayon gras désignant des liasses tenues par de grosses pinces à linge : ses manuscrits parmi les chiffons. Mais Céline s’était mis à parler. Sa voix m’apprivoisa. Toute fêlée qu’elle fût, elle avait du charme, et les mots qu’il disait en avaient un autre. Bardamu avait été un séducteur. Il en restait des traces. Une femme m’accompagnait. Il se mit en frais pour elle.

Son visage, cependant, demeurait douloureux, bien qu’il s’animât. Il était pâle, mal rasé et au bout de quelques phrases sa salive moussait sur ses lèvres. Un pull-over sans couleur enveloppait son corps. Il avait aux pieds de grandes pantoufles de feutre qu’il faisait traîner en marchant. On était en été, il était vêtu comme en hiver. “Je suis frileux”, dit-il. Il était malade. Je ne devais pas le revoir.

Assis face à face, je mis mon magnétophone en marche et lui posai mes questions. Il se livra. Allai-je avoir une confession ? Ce fut un numéro. Céline était plus vrai dans le lyrisme que dans la sincérité. Je le mis sur les Juifs, il se défendit ; sur la politique, il attaqua. Il finit par sa mère, et c’est moi, la gorge nouée, qui ne pouvais plus dire un mot. C’était d’ailleurs inutile. Parti dans son discours, Céline le poursuivait sans qu’il fût nécessaire de le relancer, allant seul, chevauchant ses idées et ses souvenirs, tour à tour accusateur ou plaidant sa cause. C’était parfois de longues tirades. Les mots, pressés de jaillir, se bousculaient au passage de ses dents, parfois des pauses, ou bien des dérapages de phrases qui finissaient en légers grognements de tête ; rien de commun, en tout cas, avec son langage litté­raire. Céline ne parlait pas comme il écrivait, ce qui prouvait, s’il eût été encore utile de le démontrer, que son style parlé était un style écrit et même très élaboré.

Je me souviens de ses mains, qu’il avait longues. Il leur faisait faire, en parlant, de grands gestes dans l’air, un peu saccadés, comme on le voit faire aux vieillards, avant qu’elles ne retombent comme de fatigue, sur ses genoux. Bien plus tard, il serra la mienne. Il y mit une chaleur. On m’assura, par la suite, qu’il avait apprécié l’entretien. Je n’y étais pour rien. C’était un bon jour. Je crois avoir su faire ce qu’il fallait surtout faire : écouter, et lui donner l’impression d’être compris. Ce misanthrope aimait qu’on lui fournit l’occasion de se justifier. Quand je redescendis vers Paris, le soleil m’avait précédé et la ville était déjà dans le bleu du soir.

Albert Zbinden
Avec l’aimable autorisation du Bulletin Célinien.


Jean d’Ormesson de l’Académie Française
Le cavalier de l’Apocalypse
L’origine de beaucoup de pseudonymes d’écrivains nous reste encore obscure : personne ne sait d’où vient le nom de Molière adopté pour monter sur les planches par Jean-Baptiste Poquelin et le choix par Louis Farigoule du nom de Jules Romains n’est pas beaucoup plus clair. Sur ce point au moins, Louis-Ferdinand Destouches baigne en pleine lumière: il choisit le nom de Céline, qu’il va traîner dans toutes les boues de la célébrité, parce que c’était le prénom, ou un des prénoms, de sa mère et de sa grand-mère.

Ce qui marque Céline à vingt ans, c’est un mythe grotesque, sordide et menteur, porté aux nues par les imbéciles et les assassins : la guerre. Céline lui-même est blessé et ne se remettra jamais de cette épreuve. Après une thèse bien intéressante sur Semmelweis, un chirurgien hongrois persécuté par ses pairs, son premier roman, et peut-être le plus beau - Voyage au bout de la nuit -, sort de l’horreur des bombardements et des corps déchiquetés. Accueilli avec circonspection par une critique désorientée, soutenu avec vigueur par Léon Daudet et par Lucien Descaves, Voyage au bout de la nuit manque de peu le Goncourt, qui couronne Les Loups de Guy Mazeline. Le deuxième roman raconte avec rage une enfance hantée par la pauvreté et la médiocrité. Evoquant égouts et vespasiennes, la critique cette fois-ci tire à boulets rouges sur Mort à crédit, accusé d’obscénité. “Nous avons manqué le Goncourt, dira Denoël, l’éditeur de Céline, nous ne raterons pas la correctionnelle.” Le souvenir de ces rebuffades ne s’effacera jamais chez Céline. Il sera d’abord, à ses propres yeux, un persécuté et une victime.

Très vite, avec Bagatelles pour un massacre, avec L’Ecole des cadavres, avec Les Beaux Draps, le ressentiment de Céline se tourne, avec une violence inouïe, contre les Juifs. Pendant des pages et des pages animées d’un souffle qui ne faiblit jamais, il dénonce le “complot mondio-Lévy-Blum” et, pêle-mêle, le judéo-bolchévisme et le judéo-capitalisme. Il semble que l’antisé­mitisme soit chez lui comme le signe d’une hostilité générale au monde. Mais il l’entraîne aussi très loin sur le terrain strictement politique : “Je me sens très ami d’Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu’ils ont bien raison d’être racistes. ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis, c’est les juifs et les francs-maçons.” Il faut lire, dans les Souvenirs de Benoist-Méchin, le récit de la soirée chez Otto Abetz, représentant de l’Allemagne nazie à Paris, où Céline, un doigt sur la lèvre supérieure pour figurer la moustache, la mèche rabattue sur le front, se livre, à l’épouvante de son hôte qui se sait entouré de mouchards aux ordres de la Gestapo, à un hallucinant numéro d’imitation de Hitler. La fièvre monte. Le délire s’empare de Céline qui finit par accuser Hitler d’être, lui aussi, comme tous les autres, à la solde des juifs et de les protéger contre les bombardements des alliés en les rassemblant dans les camps loin des villes menacées. Céline antisémite est soutenu par une langue qui, avec ses inventions, ses obscénités, sa scatologie peut rap­peler de loin celle de Rabelais ou celle de Balzac dans ses Contes drolatiques qui sont un pastiche de Rabelais - mais, en vérité, elle ne ressemble à rien d’autre. L’argot y joue un grand rôle et l’argot, pour Céline, “est un langage de haine”. L’anti­sémitisme véhiculé par l’argot, c’est de la haine sur la haine. 

On a parfois essayé de distinguer dans l’œuvre de Céline les textes engagés et délirants des grands livres du romancier. C’est une approche qui n’a pas beaucoup de sens. Il faut prendre Céline comme un bloc et considérer l’ensemble de ses livres, qui portent d’ailleurs le nom de romans par une sorte d’abus. Les livres de Céline sont bien plutôt des chroniques - des chroniques dévastatrices pleines d’horreur et de catastrophes et où s’écroule tout un monde. Il y a une tentation de parler de Céline comme d’un anarchiste. D’un anarchiste de droite, évidemment. Il n’est pas sûr que la formule soit très heureuse. Mieux vaudrait peut-être évoquer un moraliste au pessimisme radical. Céline s’intéresse à l’histoire et à la société. Mais, déjà à son époque, il est farouchement hostile à toute forme d’humanisme et d’humanitarisme. Qu’est-ce qu’il dirait aujourd’hui ? Il refuse tout progrès, il refuse tout espoir, il refuse tout bonheur. Il n’y a rien à attendre du présent, et il n’y a rien à attendre de l’avenir. “Celui qui parle de l’avenir, écrit-il, est un coquin. Invoquer la postérité, c’est faire un discours aux asticots.”

Ce que croit Céline, c’est que la na­ture humaine est irrécupérable. La gauche donne la mesure de sa folie en pensant que l’homme est bon. Les chrétiens sont moins imbéciles parce qu’ils croient au péché originel. Mais ils retombent dans l’insanité parce qu’ils croient aussi à la grâce. Ce qui est le plus étranger à Céline, c’est la grâce. “Le monde n’est, je vous as­sure, qu’une immense entreprise à se foutre du monde.” Le refus radical de tout bonheur et de tout espoir en un bonheur à venir pousse irrésistiblement Céline dans un monde d’abjection. Céline est le poète de l’abjection. De l’abjection et de la mort. “La vérité, c’est la mort. C’est même la seule chose qui  inspire.” On n’est pas si loin du cri poussé par le général franquiste Milan Astray et qui indignait Unamuno : “Viva la muerte !”

Cette fascination de la mort fait de toute l’œuvre de Céline quelque chose qui ressemble à une sorte de suicide. Le remarquable est qu’on ne décèle dans ce goût du suicide et de la mort  aucune trace de morosité. Un formidable rire éclate dans toute l’œuvre de Céline. Son rire vaut celui de Rabelais. Ce qui fait que son pessimisme si ra­dical se renverse en un optimisme tragique. “La mort m’habite. Et elle me fait rire.” “Je ne me réjouis que dans le grotesque, aux confins de la mort.” Cette veine-là s’épanouit dans les grands livres de la fin - D’un château l’autre ou Nord -, où se développe le “lyrisme de l’ignoble”, et qui racontent sa fuite, à travers l’Allemagne en flammes, de Sigmaringen au Danemark en compagnie de Lucette Almanzor, sa femme, du chat Bébert, et de l’acteur Le Vigan qui jouait dans Quai des brumes le rôle d’un peintre hallu­ciné qui peignait l’autre côté des choses. Il y avait, chez Céline, un visionnaire et un pamphlétaire, un moraliste et un voyou, un poète et un éboueur. Sartre supposait, bien à tort, que Céline était “payé”. Du coup, dans L’Agité du bocal, Céline appelait Sartre “le ténia”. Céline, évidemment, n’était pas payé. C’était un cavalier de l’Apocalypse. Il avait beaucoup souffert : il était passé par “douze métiers, treize misères” et la “vacherie universelle“ s’était exercée sur lui. Il était fou et pur. Un mélange explosif. 

Les délires de Céline sont inséparables de son style. C’est un style émotif, “au plus sensible des nerfs” et qui n’en finit jamais de passer de la syntaxe à la parataxe, c’est-à-dire de substituer des ruptures aux liaisons traditionnelles. Le souffle célinien est fait d’une alter­nance entre l’abondance la plus ahuris­sante et le laconisme. Ce halètement infatigable est jonché de points d’exclamation et de points de suspension. Céline charrie des torrents de boue, d’insultes, d’ordures et de trouvailles. Mais il ne traîne jamais. Les pronoms, les prépositions sont largués en chemin : “faut”, “sont”, “virer rouge”, “tout écroulera”, “elle va bien rire qu’elle a un mari si fainéant”. “Vous écrirez télégraphique ou vous écrirez plus du tout.” Il passe son temps à inventer des mots : “se parafoutre”, “prouster”, “moustagache”, “troutroubadour”, “mira­­giner”… Ce n’est pas lui qui écrirait joli ou peigné. Sous les coups répétés d’une  invention verbale ahurissante, tout “écroule” chez Céline. A côté de lui dont la violence radicale et la puis­sance vénéneuse se sont encore accrues avec le temps, le surréalisme fait figure d’institution moraliste et conservatrice.

Jean d’Ormesson de l’Académie Française

© Une Autre Histoire de la Littérature Française - Nil Editions.
Avec l’aimable accord de Jean d’Ormesson  et Nil Editions.  

Ecouter Anthologie Céline (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires  et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.





TrackAuthorDuration
CD 1
01 VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT LA GUERRE - SIMON21'26
02 A NOEUD COULANT - CELINE02'19
03 CELINE VOUS PARLE - CELINE16'55
04 VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT LA MERE HENROUILLE - BRASSEUR13'10
05 MORT A CREDIT LES VACANCES EN FAMILLE - ARLETTY06'13
06 ENTRETIEN INEDIT - CELINE09'18
CD 2
01 MORT A CREDIT LE CERTIFICAT D ETUDES - ARLETTY07'58
02 MORT A CREDIT LE DEPART POUR L ANGLETERRE - ARLETTY16'08
03 REGLEMENT - CELINE03'43
04 ENTRETIEN AVEC ALBERT ZBINDEN - CELINE29'36
05 LE CHALAND QUI PASSE - DELMAS03'02
06 ENTRETIEN AVEC LOUIS PAUWELS - CELINE13'33
"Anthologie Céline" par Ecouter Voir

“Quand bien même il y aurait une importante sélection de disque de textes, il est probable que cette anthologie de Céline mériterait, envers et contre tout, le label de Disque du mois. D’autant plus que – force est de se répéter – avec Frémeaux, on a ici, comme bien souvent, une réalisation soignée accompagnée d’un de ces livrets qui ont fait la réputation de l’éditeur. Céline disait que « le monde n’était qu’une immense entreprise à se foutre du monde ». En tout cas, Frémeaux ne s’est pas foutu de nous. Tous aux commandes.” Gérard FOREAU, ÉCOUTER VOIR




"... deux chansons interprétées par Céline lui-même" par Histoires Littéraires

« De et sur Céline : entretiens, chansons, extraits de l’œuvre. La lecture d’un passage du Voyage par Michel Simon (prodigieux) fait regretter que le comédien n’ait pas enregistré la totalité du livre. ... » Jean-Jacques LEFRERE – HISTOIRES LITTERAIRES


« De et sur Céline : entretiens, chansons, extraits de l’œuvre. La lecture d’un passage du Voyage par Michel Simon (prodigieux) fait regretter que le comédien n’ait pas enregistré la totalité du livre. (…) Le dessus du panier : deux chansons interprétées par Céline lui-même (enregistré en douce à l’époque par Paul Chambrillon), A nœud coulant et Règlement, ainsi que des entretiens de Céline avec des interviewers, dans lesquels on retrouve la voix si particulière du maudit de Meudon, avec son rythme : haletant, précipité, qui semble précéder la question. Le livret contient une histoire des enregistrements du CD, et une seule fausse note : il reproduit le chapitre Céline d’Une autre histoire de la littérature française de Jean d’Ormesson. Toutes les interjections céliniennes sont ici de mise. » Jean-Jacques LEFRERE – HISTOIRES LITTERAIRES




Paul Chambrillon vient de nous quitter (2001) par Patrick Frémeaux

« Paul Chambrillon avait produit en 1955 les enregistrements de Céline avec Michel Simon et Arletty et avait même réussi à faire chanter Céline. De 1997 à mai 2000, il a dirigé l’édition du coffret Céline à partir des enregistrements connus effectués avec Céline ou en sa présence. Nous n’étions pas toujours d’accord sur la manière de présenter cet ouvrage sonore mais son humour l’emportait finalement sur tous risques de divergences et de conflits. Pour l’anecdote, il m’avait remercié de présenter l’ouvrage dans la catégorie "diction" et non pas dans la catégorie "variétés" en hommage à ce que Georges Brassens lui avait confié un jour en lisant un programme où son nom apparaissait dans cette rubrique : "Je n’aime pas ce terme, cela me fait penser à des hors-d’œuvres variés". Sur la position politique que l’on se devait de tenir, il me répondait toujours par ce que lui avait dit Antoine Vitez : ‘‘On est toujours le gauchiste de quelqu’un’’. » Patrick FREMEAUX




« Céline à l'écrit et à l'oral » par le Panorama du Médecin

On a beaucoup écrit sur le Dr Destouches. Et les contreverses sur ses textes ne sont pas éteintes, loin de là. Certes, ses apports au style littéraire comme au roman français ne sont pas contestés. Mais son itinéraire personnel et ses violents écrits antisémites révulsent toujours… Les deux CD consacrés à Louis Ferdinand Céline (1894-1961) sont étonnants. Ils permettent, en effet, d’affiner le jugement que l’on porte sur ce médecin atypique. On appréciera les extraits du «Voyage au bout de la nuit» et de «Mort à crédit», lus avec talent par Arletty, Michel Simon et Pierre Brasseur… Toutefois, le plus surprenant réside dans les quatre interviews de Céline. On s’étonne de la voix hésitante et saccadée d’un personnage par ailleurs si tranché qui emploie une langue raffinée (très différente de son écriture). «Je ne suis pas un homme à idées»; «Le français est une langue magnifique, mais il n'est pas très artiste [...] trop de respect pour les formes»; «Je supposais les sémites nous pousser dans la guerre… c’était une erreur profonde… je n’avais qu’à me taire… j’ai péché par orgueil…» ; «J’étais formellement anti-guerre…» PANORAMA DU MEDECIN




«La voix inquiétante d’un écrivain unique» par Centre Presse

On n’en finira jamais de discuter les mérites et les infamies du «drôle de citoyen» Louis-Ferdinand Céline, médecin des pauvres et collaborateur antisémite… Mais un fait est indiscutable: son écriture unique, dévastatrice, a tout changé dans la littérature française du XXe  siècle. Notons en passant que ce n’est pas contradictoire : la littérature n’est pas un art d’agrément; traduction visionnaire de la réalité (du moins dans le meilleur des cas !), elle prend le risque de réinventer formes et valeurs – « pour écrire, il faut payer », disait sobrement Céline à la fin de sa vie, alors qu’il vivait en exilé de l’intérieur. Et Céline à payé le prix fort: la bêtise morale au-delà de la génialité littéraire. Comme « pour payer », cet esthète obsédé par la danse classique refusait de séduire (coquetterie suprême). Écoutez les deux chansons interprétées par Céline lui-même, c’est plus rude que Michel Simon dans « l’Atalante » ! La voix curieusement cassée de Céline, ton faussement "popu", sont des aspects travaillés de son oeuvre à connaître  au même titre que ses livres. Christophe DESHOULIERES – CENTRE PRESSE




«Un beau travail de mémoire sonore» par L’Alsace

Sur celui qui affirmait : « Le monde n’est, je vous assure, qu’une immense  entreprise à se foutre du monde », les éditions Frémeaux et associés sortent un coffret 2 CD en forme d’anthologie où Paul Chambrillon regroupe les enregistrements réalisés à partir de 1955 avec Louis Ferdinand Céline. Adolescent parisien, Chambrillon lit Mort à crédit. Il y découvre la transcription « musicale » de son propre langage quotidien… Surtout, Chambrillon observe que Céline est fait pour la haute voix, que ses textes sont des « poèmes » qu’il faut dire. Dans ce beau travail de mémoire sonore, on entend, outre des entretiens de Céline avec Albert Zbinden ou Louis Pauwels, Pierre Brasseur, Michel Simon ou Arletty jouer des pages de Mort à Crédit et Voyage au bout de la nuit. En prime, deux chansons interprétées par Céline en personne. L’ALSACE




« Anthologie de Céline » par Notes Bibliographiques

Ces deux CD contiennent des extraits de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit. Ils sont bien interprétés par Michel Simon, Pierre Brasseur et Arletty dont la gouaille convient bien au parler ordurier de Céline, lequel interprète deux chansons. Dans le livret joint, Pierre Chambrillon expose les difficultés de ces enregistrements. Suivent un abécédaire célinien  et un article de Jean d’Ormesson,  intitulé « Le cavalier de l’Apocalypse ». Dans un  entretien avec A. Zbinden, Céline dit « je manie l’ordure par besoin… je crée des mots  parce que  je fonce mais le style me demande beaucoup de travail ». A la fin de sa vie, questionné par Louis Pauwels sur la violence de son antisémitisme et son admiration pour Hitler, il dit qu’il a toujours été pacifiste, reconnaît qu’il aurait dû ce taire mais ne renie rien.  Il pense que la France est finie car elle n’à plus de souveraineté. Il envisage la mort sans crainte, pense au suicide et ne croit pas en Dieu. Ces CD n’apporteront rien à sa mémoire. Il restera pour certains un grand écrivain, pour d’autres un homme méprisable… Sans doute les deux ?
MH – NOTES BIBLIOGRAPHIQUES




« Voyage au bout de la nuit » par le Magazine Littéraire

Céline, Michel Simon et Pierre Brasseur lisent des extraits de Voyage au bout de la nuit. Et Arletty «  chante » ou presque, Mort à Crédit. Céline intervient ici et là, notamment dans l’entretien accordé à Louis Pauwels : ce qu’on appelle un choix d’anthologie, signé Paul Chambrillon. MAGAZINE LITTERAIRE




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