On peut vivre sans philosophie, écrivait Vladimir Jankélévitch, mais on vit moins bien”. Cette assertion résume au mieux ce qu’est l’“appel de la pensée”. Un surcroît de vie dans la vie, une nécessité qui porte la vie à sa plus haute puissance, jusqu’au possible, non pas d’une autre vie, mais d’une vie autre.
C’est à ce geste éternellement actuel que nous convie Jacques Ricot, par le truchement de ces trente-quatre morceaux de bravoure, bien conçus et clairement énoncés, qui permettront à l’auditeur – néophyte ou éclairé – de côtoyer les notions et les questions fondamentales qui articulent l’histoire de la pensée occidentale.
Stéphane Vendé (M-Editer) & Christophe Lointier (Frémeaux & Associés)
CD1 : Plages 1 à 11 - Le sujet
piste 1 : “Je pense donc je suis”, est-ce une certitude ? 3’35 • piste 2 : Faut-il s’étonner pour philosopher ? 2’58 • piste 3 : L’homme, chose ou conscience ? 3’33 • piste 4 : Qu’est-ce que l’amitié ? 3’45 • piste 5 : Dévisager autrui ? 3’40 • piste 6 : L’Etranger est-il autre que moi ? 3’23 • piste 7 : L’inconscient est-il une hypothèse légitime ? 3’36 • piste 8 : L’inconscient est-il somatique ? 3’35 • piste 9 : Qu’est-ce que le temps ? 3’11 • piste 10 : Le présent est-il réductible à l’instant ? 3’22 • piste 11 : Le passé est-il notre prison ? 3’22
CD1 : Plages 12 à 19 La culture
Piste 12 : Comment distinguer l’homme et l’an imal ? 3’40 • piste 13 : Peut-on parler de rien ? 3’24 • pistes 14 et 15 : L’art nous détourne-t-il du réel ? 3’26 et 3’34 • pistes 16 et 17 : La science et la technique maîtrisent-elles la nature ? 3’30 et 3’27 • piste 18 : Qu’est-ce qu’une religion ? 3’26 • piste 19 : Tolérance et foi religieuse sont-elles compatibles ? 3’10
CD2 : plages 1 à 8 - La raison et le réel
Piste 1 : La raison est-elle égale en chacun ? 3’25 • piste 2 : La science abolit-elle la superstition ? 3’27 • piste 3 : Faut-il avoir peur de l’imagination ? 3’37 • piste 4 : Faut-il douter de tout ? 3’04 • pistes 5 et 6 : Comment accéder au savoir ? 3’19 et 3’16 • piste 7 : L’homme, objet de science ?
3’47 • piste 8 : Le rationnel se confond-il avec le raisonnable ? 3’41
CD2 : Plages 9 et 19 Morale et politique
Piste 9 : La morale ou l’éthique ? 3’26 • piste 10 : Epicure était-il un débauché ? 3’45 • piste 11 : peut-on promettre des sentiments ? 3’20 • pistes 12 et 13 : S’aimer soi-même est-ce être égoïste ? 3’30 et 3’18 • piste 14 : La fidélité est-elle une vertu ? 3’27 • piste 15 : La sincérité peut-elle être dangereuse ? 3’26 • piste 16 : Imbécile et heureux ou lucide et malheureux ? 3’32 • piste 17 : Violence ou non violence ? 3’44 • piste 18 : Faut-il se méfier du pouvoir ? 3’24 • piste 19 : La liberté s’oppose-t-elle à l’égalité ? 3’17
Droits : Frémeaux & Associés en accord avec Jacques Ricot, Association M-EDITER, Radio Fidélité.
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« Une synthèse utile - à découvrir » par Revue des Médiathèques
34 exercices philosophiques. Voici un coffret de deux CDs, plus un livret de 32 pages, qui ravira les apprentis philosophes et les auditeurs curieux d’interroger les divers aspects de la vie, de la société, de la culture générale, etc.… De nombreuses questions sont ainsi posées : « Faut-il s’étonner pour philosopher ? », « L’inconscient est-il somatique ? », « La morale ou l’éthique ? », « L’homme, objet de science ? », « Qu’est-ce qu’une religion ? », etc. Sur deux CDs donc, 38 questions essentielles organisées en réponses sonores et constructives de trois minutes et trente secondes. Il est donc fait un effort de concision plutôt bien mené et bienfaiteur, qui permet une rationalisation de la pensée et de la parole, une synthèse utile. A découvrir.
Lucas FALCHERON – REVUE DES MÉDIATHÈQUES ET DES COLLECTIONS MUSICALES
"Une langue claire, mesurée, réfléchie pour tout dire" par Le Texte Voyageur
"S’étonner. La philosophie n’a point d’autre origine. Non pas qu’il faille demeurer stupéfait devant l’incompréhensible ou s‘émerveiller de ce que le monde soit et se tenir là, bouche bée, dans l’attente d’une révélation qu’il est peut-être bien incapable de nous fournir. Non, s’étonner, au sens où les grecs l’entendaient, d’un fracas qui nous mettrait en mouvement et nous convierait à voir les choses autrement qu’elles ne paraissent. S’interroger à nouveau frais encore et encore et pousser dans la chair même du monde le mouvement de cet étonnement.
En courtes leçons pertinentes, Jacques Ricot, dans une langue claire, mesurée, réfléchie pour tout dire, nous guide pas à pas sur ce chemin de l’étonnement construit, circonspect. Un chemin balisé avec une conviction chaleureuse instruite dans la langue grecque ancienne, coupant court fort heureusement aux lacunes de notre bien imparfait français. 34 leçons que l’on conseillerait bien volontiers à nos chères têtes blondes au moment du baccalauréat, et à tout prendre, à tous ceux qui veulent entrer dans le chemin, le reprendre ou tout simplement s’émerveiller encore de ce que la pensée enflamme, dès lors qu’elle est levée. Parmi ces leçons, on retiendra les deux très beaux cours livrés l’un sur le Visage, l’autre sur la figure de l’étranger.
Du Visage bien sûr, Jacques Ricot a fait siennes les méditations de Lévinas, splendides et admirablement retransmises ici. Comme dans un face à face modeste mais assuré avec le philosophe qui sut mieux qu’aucun autre donner au Visage humain son vrai statut anthropologique et éthique. Ce Visage à chérir plus encore aujourd’hui qu’hier, "où autrui se tourne vers moi", non pas sous l’espèce de traits qu’il me serait comptable de dénombrer, mais sous sa fondatrice fragilité, exposant sans fard son altérité, qui n’est jamais d’abord qu’une radicale vulnérabilité. Tendu dans la fragilité de sa pure humanité, il ouvre ainsi directement à la question de l’étranger, ce Xénos dont Jacques Ricot rappelle avec force combien il fut, depuis la Grèce Antique et jusque dans les trois religions révélées, une figure sacrée. A la fois étranger et hôte, celui que l’on reçoit et celui dans le souci duquel on s’empresse. Et Jacques Ricot de nous aider à réaliser, avec effarement, combien cette dimension a été oubliée : celui dont on prenait soin, dans nos religions révélées, n’était pas le prochain, mais l’étranger. Ce n’est que par une monstruosité de l’histoire, du tour abject que notre monde a pris, que la figure de l’étranger a finalement reparu chez nous sous les traits de l’ennemi à abattre!"
par Joël JEGOUZO - LE TEXTE VOYAGEUR OVERBLOG