MICHEL BOUQUET dit VICTOR HUGO
ŒUVRES POÉTIQUES
BICENTENAIRE VICTOR HUGO
“Les poètes et les artistes de ce temps-là étaient des hugolâtres féroces aimant les belles rimes avec sauvagerie”.
[Th. de Banville]
“Il jetait des vers «comme une machine qui aurait été montée pour cela» [V.H.], avec une sorte d’inconscience grandiose. Victor Hugo a pu être surnommé le Gengis Khan de la littérature. Sa force d’irruption dans la prose et dans les vers est comparable A la course effrénée d’un torrent. (...) Entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, il n’est pas de halte, de station intermédiaire où s’apaise son souffle.”
[Gustave Merlet]
De “l’enfant sublime” qui dès 1820 avait enthousiasmé Chateaubriand, au vieillard magnifique des années 1880, véritable incarnation de “l’instrument poétique (...) le plus sonore qui ait jamais vibré aux quatre vents de l’esprit” [Alexandre Dumas] et dans lequel la France entière se reconnaissait, Victor Hugo n’a pas laissé une facette du cœur humain dans l’ombre. Dès les premiers temps de sa gloire – dont la marche débute l’année de ses quinze ans – il puise à pleine main dans le feu des dernières forces du Classicisme. Puis, avec panache, il est de ceux qui ferment les portes de ce monde qui s’ennuie obnubilé par son passé, anéantit par la Chute de l’aventure Napoléonienne. Si la France reprend son souffle après tant de guerres, la jeunesse s’ennuie devant les rayons de la gloire qui s’enfuit... “J’ai des rêves de gloire en mon âme inquiète, J’aurais été soldat si je n’étais poète”
Victor Hugo
En tournant le dos aux ratiocinations des vieillards pétris d’Ancien Régime et aux souvenirs devenus amers des fervents admirateurs idolâtres de Napoléon Ier, Victor Hugo s’apprête à franchir, aux côtés de Lamartine et devant Musset, les arches du Romantisme. Loin de confesser l’ennui d’un “enfant du siècle”, Hugo chevauche avec fougue la cavale romantique. Sous son étreinte, elle deviendra bête fantastique et porte au loin le “manifeste romantique” de la préface de Cromwell [1825]... Désormais, il est “une force qui va”. Comment ne pas avec respect “fléchir un peu le genou” devant non seulement une telle œuvre, mais devant un tel homme? En l’ignorant simplement et feignant de le mépriser? Mais gare aux oublis programmés... Les retours de la mémoire sont parfois terribles et les vieux fantômes, dont on croyait avoir renvoyé les esprits dans les limbes pacifiques et radieuses, n’en finissent plus de hanter. Quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, le poète qui embrase le XIXe siècle est toujours là, et même sa mort n’a pas, selon ses propres mots, “désempli le monde” (1885). Car son génie n’est-il pas véritablement d’avoir bousculé – tant par ses convictions politiques, métaphysiques, son exaltation devant les forces brutes de la nature [tant celles du sublime que de l’ordure], ses engagements politiques résolument humanistes, ses refus – les idées reçues de son siècle? Si son œuvre politique est aujourd’hui masquée, c’est que son œuvre poétique l’emporte bien au-delà, ramasse et transcende tout ce qu’il fut. Tout est là, enchassé dans le rythme des vers, dans le flux et le reflux des rimes, en des formules définitives qui, au delà du “bonhomme Hugo”, emportent l’imaginaire, ouvrent des champs plus vastes, font respirer la poitrine plus grande. Comment feindre encore d’ignorer qu’il a ouvert les portes de la modernité? Comment concevoir la poésie contemporaine sans la sienne? Mais plus encore, il a su ramener le sentiment de l’épique, de la grande fresque jusque dans ses romans. Qui ne sait sonder la force des mots dans ses écrits engagés, qui ne connaît ne serait-ce que les “Misérables” qui lui ont valu la véritable grandeur d’un “saint laïc”, sinon d’un saint dépositaire d’une parcelle du divin comme l’ont conçu les Codaïstes du Tonkin en plaçant sa statue dans la cathédrale de Tanyin? Aujourd’hui, malgré les égratignures, tout cela semble évident. Mais hier? Il y avait de la révolte dite tout haut et de la révolution dans des mots engagés, ceux-ci même qui conduisent à l’exil [cf. bibliographie ci-après], il y avait de l’amour universel, de la fraternité, dans un temps où la société était cloisonnée d’une manière presque étanche... Il y avait encore un amour de Dieu, une certitude intime et tranquille, mais une certitude qui ne laissait pas de place à la tiédeur et aux compromis, une croyance qui se passe des arrangements de toutes les églises, une quête d’Absolu qui embrase le recueil inachevé “Dieu” (1855-56) et que ses dernières volontés résument en entier : “Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je refuse l’oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu” [Testament].
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1802, 26 février : Naissance de Victor Hugo.
Entre 1802 et 1807 : Voyage en Italie – Léopold Hugo sert dans les armées de Bonaparte – en passant par l’Ile d’Elbe, puis retour à Paris.
1811 : Départ pour Madrid. Le Général Hugo est au service du roi Joseph, frère de Napoléon.
1812-1814 : sur un fond politique troublé – chute de l’Empire et perte de l’Espagne – les parents du jeune Victor se déchirent puis se séparent. Les enfants sont envoyés en pension.
1815 : Retour du régime monarchiste : la Restauration.
10 juillet 1816 : Victor Hugo, qui a quatorze ans, écrit dans son joumal “Je veux être Chateaubriand ou rien.” Il est élève à Louis le grand.
1819 : Victor Hugo rencontre Adèle, ... et perd sa mère qui s’opposait à cet amour.
1820 : Il écrit une “Ode pour la mort du Duc de Berry”, assassiné le 14 février. La Martine publie ses “Méditations poétiques”.
1821 : 5 mai. Napoléon meurt à Sainte-Hélène. La Grèce combat pour son indépendance.
1822 : Mariage avec Adèle. Il rencontre Chateaubriand. Publication des “Odes”.
1823 : Publication du roman “Han d’Islande”.
1824 : Au Salon, Delacroix expose “Les massacres de Chio (Scio)” [en hommage aux Grecs victimes des Turcs]. Mort de Louis XVIII, Charles X lui succède.
1829 : Publication et triomphe des “Orientales”... “Pas un vers faible” s’écrie la critique.
1830 : Journées révolutionnaires des Trois Glorieuses. Charles X fuit pour l’Angleterre, Louis-Philippe “Roi des Français” est appelé à monter sur le trône.
1833 : début de la liaison avec Juliette Drouet, qui restera sa compagne durant cinquante années.
1839-40 : Voyage en Alsace, Rhénanie, Suisse et Provence. Publication du “Retour de l’Empereur”.
1842 : Publication du Rhin.
1843 : Représentation du drame “Les Burgraves”. Voyage en Espagne avec Juliette Drouet. Mort de sa fille Léopoldine
1846 : Victor Hugo écrit “Les versets du Koran”.
1848 : Chute de la Monarchie. Victor Hugo est élu à l’Assemblée Constituante.
1849 : Il est élu Député de Paris à l’Assemblée Législative.
1851, 2 décembre : Coup d’état qui précipite la prise de pouvoir par Napoléon III, qui devient Empereur. 11 décembre : Victor Hugo part pour la Belgique.
1852, 9 janvier : Victor Hugo est expulsé par décret. Le 5 août, il publie le pamphlet “Napoléon le petit”. Il s’installe à Jersey.
1853 : Victor Hugo s’initie au spiritisme. Publication des “Châtiments”. Il commence la rédaction de poésies qui prendront place dans “La Légende des Siècles” ou “Les Contemplations”.
1855-56 : Les premières bases du recueil “Dieu” sont posées (il ne sera publié qu’en 1891). Publication des “Contemplations”.
1857 : Le poète travaille à la “Légende des Siècles”.
1859 : Hugo compose “Les chansons des rues et des bois”. Napoléon offre une amnistie que Victor Hugo refuse.
1861 : En Belgique, il visite le champ de bataille de Waterloo.
1862 : Publication des “Misérables”.
1865 : Publication des “Chansons des Rues et des Bois”.
1866 : Publication des “Travailleurs de la Mer”.
1868 : Mort d’Adèle Hugo, sa femme.
1869 : Publication de “L’Homme qui rit”.
1870 : Victor Hugo rentre à Paris après la chute du Second Empire et le “désastre de Sedan”. Dans ses écrits il se montre anticlérical, mais croyant.
1871 : Il est élu député de Paris, mais démissionne bientôt pour contester contre le refus d’accepter la nomination de Garibaldi. Son fils Charles meurt. Il est chassé de Belgique pour avoir accueilli des revoltés de la Commune de Paris.
1872 : Echec aux élections. Publication de “L’Année terrible”. Déçu de la politique française, il séjourne à Guernesey.
1873 : Mort de son fils François qui a été l’un des meilleurs traducteur de Shakespeare.
1876 : Victor Hugo est élu Sénateur de Paris.
1878 : Fatigué, le poète se retire à Guernesey.
1879-81 : Publication de “Pitié suprême”, “Religion des Religions” et “Pitié suprême”.
1883 : Mort de Juliette Drouet.
1885, 23 mai : Mort de Victor Hugo.
Extraits de :
Odes et Ballades, 1826
10/ Le portrait d’une enfant
16/ A une jeune fille
19/ A un passant
Les Orientales, 1828
2/ Clair de Lune
Les Feuilles d’Automne, 1831
4/ Soleil couchant
6/ Vieille chanson du jeune temps
8/ Lorsque l’enfant paraît
15/ Où donc est le bonheur
24/ Ô Dieu, si vous avez la France sous vos ailes
26/ Ami, un dernier mot
Les chants du Crépuscule, 1835
7/ Autre chanson
Les Rayons et les Ombres, 1940
1/ Oceano nox
Les Châtiments, 1853
22/ Chanson
25/ Les commissions mixtes
Les Contemplations, 1856
3/ Tu peux comme il te plaît me faire jeune ou vieux
5/ Demain
13/ L’âme en fleur
18/ Ce que c’est que la mort
20/ La source
23/ Choses vues un jour de printemps
Dieu, 1855-56
12/ Dieu, c’est le jour sans borne
La Légende des Siècles, 1859-1883
11/ Puissance égale bonté
17/ Choix entre deux passants
21/ Dieu fait les questions
Les Chansons des Rues et des Bois, 1865
14/ Notre ancienne dispute
L’Art d’être Grand-Père, 1877
9/ Jeanne était au pain sec
“L’être multiple vit dans mon unité sombre”
Victor Hugo Quelle universalité et quelle quantité de visages revêt Victor Hugo! Romantique bien sûr, et surtout, mais philosophe, mais croyant, mais amoureux, mais épris de la nature, qui le bouleverse en ses moindres mouvements. Et toujours prêt d’une fable à toucher le cœur, pour y sonder les profonds mystères... Mais révolté aussi et aimant l’humanité et père encore – de la France ont raillé certains – mais des siens surtout et grand-père – ce qui fit dire à Léon-Paul Fargue ce mot si doux : “J’eus ce jour-là la révélation de ce qu’il était, de ce qu’il devait être, de ce qu’il serait toujours : un Père Noël!” Un enchanteur qui n’en finit pas ni de déranger ni d’émouvoir, comme un monument auquel chaque ride ajoute un charme, une force d’évocation que rien ne peut altérer.
Gaston Litaize (1909-1991) et Michel Bouquet
Elève de Dupré, Caussade, Büsser, Gaston Litaize – concertiste réputé, professeur d’orgue et d’improvisation à l’Institution nationale des Jeunes Aveugles – a toujours cherché au travers de son œuvre à faire partager le sens du mystère de la musique emprunte d’une haute dimension d’inspiration religieuse. C’est donc tout naturellement que ses fulgurances se marient ici à la pensée et aux vers de Victor Hugo. On pourrait croire à un mariage impossible, une sorte d’union inacceptable, car le poète lui-même se méfiait de la musique que l’on pourrait mettre sur ses vers... De plus, Michel Bouquet n’affirme-t-il pas : “Je ne suis pas comédien pour plaire ou pour déranger, mais exprimer le plus objectivement et le plus sincèrement possible la pensée d’un auteur”... Aveu qui semble vouloir renforcer la demande du Poète... Et pourtant, il est des grâces inespérées et soudain palpables
“... dans les profondeurs noires ...
Je voyais des blancheurs se mouvoir lentement”
Victor Hugo, Le Rhin
Jean-Yves Patte
© 2002 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS
L’auteur remercie M. Patrick LECLÈRE pour son aide.
CD1
1. Introduction musicale 2’26
2. Oceano nox 3’32
3. Intro musicale 0’57
4. Clair de lune 1’23
5. Intro musicale 0’52
6. Tu peux comme il te plait... 2’14
7. Intro musicale 1’12
8. Soleil couchant 2’50
9. Intro musicale 1’19
10. Demain 0’45
11. Intro musicale 1’23
12. Vieille chanson du jeune temps 1’40
13. Intro musicale 1’19
14. Autre chanson 0’59
15. Intro musicale 2’59
16. Lorsque l’enfant paraît 2’46
17. Intro musicale 2’00
18. Jeanne était au pain sec 1’37
19. Intro musicale 1’01
20. Le portrait d’une enfant 1’08
21. Intro musicale 2’16
22. Puissance égale bonté 7’04
23. Intro musicale 1’31
24. Dieu c’est le jour sans borne 3’38
25. Intro musicale 3’01.
CD2
1. Introduction musicale 2’20
2. L’âme en fleur 0’45
3. Intro musicale 1’42
4. Notre ancienne dispute 1’29
5. Intro musicale 2’26
6. Où est donc le bonheur 4’07
7. Intro musicale 1’17
8. A une jeune fille 1’08
9. Intro musicale 2’24
10. Choix entre deux passants 1’50
11. Intro musicale 2’47
12. Ce que c’est la mort 2’08
13. Intro musicale 2’27
14. A un passant 1’31
15. Intro musicale 5’44
16. La source 1’08
17. Intro musicale 1’41
18. Dieu fait les questions 0’49
19. Intro musicale 0’43
20. Chanson 0’45
21. Intro musicale 2’55
22. Choses vues un jour de printemps 4’21
23. Intro musicale 0’56
24. O Dieu, si vous avez... 1’11
25. Intro musicale 1’17
26. Les commissions mixtes 0’56
27. Intro musicale 0’56
28. Ami, un dernier mot 1’07
29. Intro musicale 1’58
Ecouter TITRE par AUTEUR/INTERPRETE (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.