« Une interprétation remarquablement équilibrée et juste » par Écouter Voir
Christophe Mège (flûte), Alain Tresallet (violon alto), Jean-Baptiste Savarit (guitare). Un disque original pour une formation de chambre qui l’est encore plus ! Rares sont les compositeurs qui ont eu un jour à écrire pour un ensemble composé d’une flûte, d’un violon alto et d’une guitare. Il faut bien reconnaître que cette formation en trio n’a jamais déclenché de véritables passions chez nos génies classiques. Mais ce serait un tort que de ne pas écouter ceux qui, de leur temps, ont consacré une partie de leur talent pour composer ces quatre œuvres au programme. Grâce à une interprétation remarquablement équilibrée et juste, on prend un vif plaisir à écouter ce Nocturne de Matiega, un court Menuetto de C.M. von Weber et deux plus longues œuvres de Francesco Molino et Anton Diabelli. Les partitions sont légères, sobres et mises en valeur par une excellente prise de son qui respecte les volumes sonores pourtant si différents de ces trois instruments. Les trois musiciens prennent un plaisir immense à interpréter ces partitions, et cela s’entend. Alors à quoi bon résister quand légèreté, justesse et joie de vivre sont au programme ?
Ludovic BARGHEON – ÉCOUTER VOIR
« Joyau de subtilité et d’expressivité » par Guitare Classique
Bien que l’âge d’or de la guitare soit plus avancé dans le XIXe siècle (1860), elle ne manque pas d’émailler de-ci de-là l’écriture de certains compositeurs, dont Matiegka, Carl Maria von Weber et Diabelli en sont les représentants. Originaire de Bohême et destiné à une profession de juriste, Matiegka, guitariste et pianiste de second plan, il faut bien le dire, compose néanmoins plusieurs pièces pour guitare, parmi lesquelles ce fameux Notturno op. 21. Celui-ci serait d’ailleurs bien resté dans l’ombre si un certain Franz Schubert ne l’avait sorti du rang, et arrangé à l’occasion en y ajoutant une partie de violoncelle. Même si l’écriture pour la guitare ne prend réellement son envol qu’avec Sor et Giuliani, ce Notturno n’en reste pas moins frais. Après un premier mouvement gai et enjoué, nous avons en troisième position le Lento e patetico, véritable joyau de subtilité et d’expressivité…Subtilité qui n’a pas échappé au trio Bacchus. Christophe Mège, Alain Tressalet et Jean-Baptiste Savarit sont à l’aise de toute évidence et expriment avec sensibilité et pudeur tout ce qui fait l’essence même de ce mouvement. Folklorique à souhait, le Zingara, quant à lui, reste un peu dans le chapeau ; peut-être un tempo plus vif aurait donné plus d’authenticité à la teinte slave du dernier mouvement. Cependant tout reste cohérent, l’unité musicale est là, l’équilibre instrumental aussi, la qualité des musiciens y étant sans aucun doute pour quelque chose…Grand rival de Carulli Ferdinando, Francesco Molino, établi à Paris en 1820, compose plusieurs pièces de musique de chambre avec flûte, guitare et alto, dont ce Grand Trio Concertant op.45. Le ton plus léger, nettement influencé par la musique française de cette époque, ne présente pas le même intérêt. Mais le trio Bacchus, à force de couleurs et d’expression, parvient malgré tout à lui donner une âme.
GUITARE CLASSIQUE