Choc ‘n soul : le titre composé par Manu Dibango en 1978 est un véritable manifeste de la bonne parole prêchée par Manu dans ses élucubrations orchestrales. Le choc de la fusion de l’Afrique originaire avec les musiques afro-américaines - soul, jazz ou disco – réalisée par Manu Dibango entre le succès de son “Soul Makossa”, son voyage à Kingston, et ses productions parisiennes de la fin des années 1980.
Manu Dibango nous propose ici un retour sur 12 de ses meilleurs titres parus entre 1978 et 1989. Soul, et choc.
Benjamin Goldenstein & Patrick Frémeaux
Les morceaux qui suivent participent du Gang II, de la décade 1980, lorsque parvenu à sa vitesse de croisière, le vaisseau dibangien, recense, inventorie, classe, et met en ondes, différents “univers-africainsde la parole”. Ensuite il mélange, superpose, rajoute, harmonise, ré-invente un “mur du son” compactd’ - acoustique, d’électricité et d’électronique, telle une machine à swing qui arpente l’espace des littératures orales africaines, fixées par écrit, devenu mémoire de l’urbain. Ainsi naissent les Good Books.
Ed Makossa ma Ndjehoya
Droits audio : Frémeaux & Associés en accord avec Manu Dibango, Soul Makossa et Renaldo Cerri
« C’est ce qu’on appelle un conte de fées » Par César
« Puisqu’on aborde la Coupe du monde de football, évoquons ce petit 45 tours de 1972 sur lequel il y avait ce morceau, Soul Makossa, promis à un écho planétaire ?
« — C’est ce qu’on appelle un conte de fées ! En 1964, j’avais déjà composé un morceau pour la Coupe des Tropiques. J’étais donc repéré et c’est pour cela que le Cameroun m’a commandé un hymne pour la 8e Coupe d’Afrique. Comme c’était un 45 tours, il y avait deux faces. On a donc perdu la coupe et l’on gagné Ma- ma-ko, Ma-ma-ssa (rire)… »
Un morceau que depuis des myriades d’artistes ont repris ou samplé. Jusqu’à Michael Jackson qui s’en est fortement inspiré pour composer son énorme tube, Wanna be startin’ something ?
— On lui a fait un procès en 1983 qui a abouti à un arrangement en 1986. Mais il a remis le couvert deux ans avant sa mort. Et donc le procès continue. D’un côté, je suis fier qu’un type comme lui nous ait reconnu, mais bon autre côtés, les Américains, ils bouffent tout ce qu’ils veulent et pas seulement dans la musique. Quand il veulent te piquer un truc ils sont les plus forts, c’est le western ( rire) ! » »
Par Franck Tenaille — CESAR
« Joyous fusion of jazz, soul and African rhythms.” By Sunday Times Culture Magazine
« Fashion come and go, but the crowd-pleasing saxophonist Manu Dibango has spent half a century perfecting his joyous fusion of jazz, soul and African rhythms. This infectious little times capsule samples his output from the 1970s and 1980s. If some of the weaker numbers sound like precursors of that blander-than-bland modern-day phenomenon known as smooth jazz, the best bear his unmistakable imprint, fluent born riff blending with seductive vocals. The presence of the Brecker brothers, Michael and Randy, is one selling point, but the real meat is to be found in the collaboration with the Jamaican studio double act Sly and Robbie.”
By CD — SUNDAY TIMES CULTURE MAGAZINE
« l’ambiance de cet album est unique » par Reggae Vibes
“ J’ai tout de suite kiffé Gone Clear premier des deux albums reggae du légendaire saxophoniste camerounais Manu Dibango, qui vient de fêter le 12 décembre 2009 son 76e anniversaire. Sur Gone Clear, enregistré avec Sly & Robbie, quelle drôle d’idée pour le pape de l’afro jazz d’aller fricoter avec des musiciens jamaïcains qui à l’époque n’avaient pas 30 ans et se moquent comme d’une guigne de la musique africaine, lui préférant la soul et le funk de Philly Sound… C’est d’ailleurs cette passion pour la musique américaine qui les rapproche. Manu n’étant lui non plus pas insensible aux accents funky, comme en témoignent de nombreuses compositions au premier rang desquelles le célébrissime « Soul Makossa ». L’alliance d’une technique irréprochable aux sonorités mêlant Afrique et jazz avec des rythmiques reggae aurait pu facilement mal tourner. Pas dans le cas présent : l’ambiance de cet album est unique, respirant une joie et un entrain qu’on retrouve dans peu d’autres disques. Que les amateur de prêches rasta est de retour à l’Afrique ne s’affolent pas, cet album n’est absolument pas militant et ne joue pas du tout sur le thème de la réunion de l’Afrique, ce ne sont pas les Jamaïcains qui vont « back to Africa », mais les Africains qui vont à l’Ouest avec dans leurs bagages quelques références à l’Afrique, sans plus. Tout n’est que légèreté, à la limite parfois de la frivolité, mais reste extrêmement talentueux et permet de passer un moment très agréable. C’est bien ça l’essentiel. Manu reprend son titre fétiche « Soul Makossa » , qui devient « Reggae Mokossa ». Pour mémoire, « Soul Makossa » est sorti au début des années 70 et a été un tube énorme dans tout le continent noir. Samplée sans autorisation par Michel Jackson dans « Wanna Be Starting Something » et plus récemment par Rihanna, voici une chanson dotée de pouvoir presque surnaturels. Dans Gone Clear, « Reggae Makossa » devient lent, « sponji », avec une rythmique quasiment hypnotique.
L’original était un concentré d’énergie et une invitation- que dis-je, une sommation sans frais ! – A une danse, frénétique, cela va de soi ! Les Jamaïcains, le transforment en un appel à se caler dans un transatlantique sur une plage tropicale. A la fin du morceau, on entend d’ailleurs Manu lancer un « mackasplaffa » qui résume bien l’ambiance… Le pire c’est que ça fonctionne merveilleusement. « Goro City » préfigure le lien entre le funk et le reggae mais à la sauce africaine. Sur 8 minutes 34, Manu joue de la clarinette sur un beat hyper dansant. Les seules paroles sont « Niamey, Niamey inairi, Niamey Niamey Goro City » Evoquant les folles nuits de Niamey, la capitale du Niger, ce morceau donne sacrément envie d’aller y faire un tour ! La section de cuivres américaine a un son bien plus tranchant et funky que ses homologues jamaïcains, comme le Rass Brass. C’est d’ailleurs la même que sur les album de Peter Tosh de cette époque. « Doctor Bird » est une chanson toute simple, respirant la joie de vivre. Le « Doctor Bird », c’est un des plus petits oiseaux au monde, au bec très fin, qui a le battement d’ailes le plus rapide de la planète. C’est l’oiseau national jamaïcain, qui figure sur certains billets ou encore sur le logo d’Air Jamaïca. Cette collaboration a donné naissance à un énorme respect mutuel au niveau artistique et à une relation très amicale. Manu est venu souffler de son sax magique sur plusieurs productions ultérieures de Sly & Robbie, comme Language Barrier, leur premier album non reggae sorti chez Island en 1985, ou encore « Manu Tango », un single passé inaperçu sorti au milieu des années 90. Manu apparaissait également dans une vidéo promotionnelle de Drum & Bass Strip to the Bone (1998), mais ses parties de sax n’ont pas été conservées dans le mix final de cet album. Trente ans après Gone Clear, on ne peut que rêver d’un nouveau bout de route en commun… »
Par Guillaume Bougard — REGGAE VIBES
« Album sublime » Par Sciences et Avenir
« Le label Frémeaux, bien connu pour ses rééditions de bonne facture, publie cette compilation couvrant la période la plus électrique de Manu Dibango, de 1978 à 1989. On (re)découvre ainsi quelques extraits d’un album sublime, un tantinet oublié, Waka Juju, datant de 1982, quand le grand Manu commençait à sérieusement fricoter avec le funk et l’afrobeat, notamment le fabuleux Africa Boogi, avec Wally Badarou et Jean-Claude Naimro, le clavier de Kassav’. Ou cette rareté, le fameux Soul Makossa, titre qui avait lancé la carrière internationale du saxophoniste camerounais en 1972, piraté par Michael Jackson dans l’album Thriller dix ans plus tard, mais ici repris par Manu lui-même en 1978, lors d’une séance de studio à Kingston, avec la section rythmique jamaïcaine, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. On regrette d’autant qu’il n’y ait ici aucune trace de l’album le plus expérimental de Manu Dibango, Electric Africa, enregistré en 1985 avec Herbie Hancock, Bill Laswell et Bernie Worrel en pleine période Rock It. Ce disque avait marqué l’évolution de la musique africaine, et reste l’une des plus belles rencontres afro technoïde. »
Par Y.B. — SCIENCES ET AVENIR
« Musique du monde sans doute, musique noire certainement » Par Trad Mag
« L’infatigable Manu Dibango a enregistré partout. Il a coloré son makossa d’esprit soul ou bien encore reggae selon les moments. Dans les années 1970 et 1980, il a roulé sa bosse avec d’excellents musiciens, allant même jusqu'à Kingston (Jamaïque) pour enregistrer avec les pointures du reggae. Cette compilation offre quelques bons moments de ses voyages. Manu Dibango est bel est bien l’un des piliers des genres urbains. Musique du monde sans doute, musique noire certainement. A écouter pour retourner à ces carrefours que seuls quelques artistes sont capables de nous montrer. »
Par Etienne Bours — TRAD MAG
« Le meilleur album de Manu Dibango » Par Le Républicain Lorrain
« Pourquoi écouter Choc’n Soul ? Mais parce qu’on y retrouve des morceaux de Waka Juju le meilleur album de Manu Dibango, datant de 1982 et quasi introuvable aujourd’hui. Dans sa longue et prolifique carrière, le Camerounais bientôt octogénaire a fait du bon et du moins bon. Mes les titres Bushman Promenade, Mouna Pola, Douala Sérénade, Goro city et Waka Juju représentent le dessus du panier. On trouve aussi, dans cette compilation de sessions des années quatre-vingt, des extraits du disque Gone Clear que Manu enregistrera à Kingston avec , entre autres, Robbie Shakespeare et Sly Dinbar, Randy et Michel Brecker. »
Par Richard Sourgnes — LE REPUBLICAIN LORRAIN
« A découvrir » par la Revue des médiathèques et des collections musicales
Manu Dibango s’est révélé en 1978 avec le titre Choc’n Soul, manifeste de la fusion de l’Afrique originaire avec les musiques afro-américaines comme le jazz ou la disco. Cet album est un retour sur les années 1978 à 1989 ; douze titres parmi ses meilleurs, sans doute. Qui composent une magnifique introduction à son œuvre immense, à présent. A découvrir. Puis à collectionner sans hésiter. Lucas FALCHERO - REVUE DES MEDIATHEQUES ET DES COLLECTIONS MUSICALES
« L’examen d’une carrière sous l’angle du groove » par So Jazz
Les années 70 révèlent Manu Dibango sur la scène du rare groove international. Il enregistre même avec des cadors du jazz made in New York, un épisode qui narrait l’excellent sélection African Woodoo. Ce Choc’n’Soul poursuit l’examen d’une carrière sous l’angle du groove, entre des faces gravées en 1978 à Kingston avec la rythmique Robbie Shakespeare – Sly Dunbar, une section de cuivre qui comptait dans ses rangs les frères Brecker, et celles posées à Paris au cours des années 80, avec les jeunes lions de la scène afro-jazz (Brice Wassy, Paco Séry). Jacques DENIS – SO JAZZ
« Fiery Afro-funk » by Rock N’Reel
The Cameroonian saxman at his creative peak when he recorded this material between 1978 and 1989. The bulk of the dozen tracks were recorded in Kingston at that earliest date, back when the jamaican capital was at its hottest, and Manu and crew unite with the likes of Sly Dunbar and Robbie Shakespeare to create some sublime, fiery Afro-funk, sometimes with a Stax-like groove or a overlooked them recently do so to their own loss. Norman DARWEN – ROCK N’REEL