L’âge d’or des bals et cabarets antillais de Paris. Jean Pierre Meunier, historien, musicologue et discographe incontournable de la musique antillaise présente en 2 Cd avec livret 20 pages (Français, Anglais) l'histoire de la musique créole considéré par le journal 'Le Monde' comme l'un des meilleurs disques de l'année.
Claude Colombini & Patrick Frémeaux
'Si le zouk a conquis en quelques années une audience dépassant très largement le cadre des îles où il est né, les musiques qui le précédèrent, et le nourrirent, demeuraient largement inconnues. Elles avaient pourtant été enregistrées, dès les années trente, mais il semblait que faire revivre une histoire musicale antillaise n’ait aucun intérêt pour les compagnies phonographiques ou pour les pouvoirs publics. Aujourd’hui, heureusement, des initiatives de producteurs indépendants viennent combler cette lacune. Frémeaux & Associés proposent deux coffrets de 2 CD reprenant les meilleures faces gravées à Paris par la fine fleur des orchestres martiniquais et guadeloupéens. On y découvrer le charme des voix féminines et l’enchantement des clarinettes meneuses de mélogie, hors de tout doudouisme. On y entend notamment deux des plus grands instrumentistes de l’entre-deux-guerres : Alexandre Stellio, Martiniquais et Eugène Delouche, Guadeloupéen à qui, par ailleurs, deux recueils sont entièrement consacrés. Biguines, polkas, mazurkas, valses créoles déroulent leurs mélodies joyeuses ou nostalgiques annonçant ce que Chamoiseau et Confiant revendiquent aujourd’hui, une créolité fière de ses métissages, faite d’héritages, d’emprunts et, surtout, d’innovations : source d’un patrimoine antillais mais offert désormais au monde entier...'
Denis-Constant Martin - Politis
Droits audio : Frémeaux & Associés - Patrimoine de l'Humanité - Cultures caraîbes - Antilles.
Les ouvrages sonores de Frémeaux & Associés sont produits par les meilleurs spécialistes, bénéficient d’une restauration analogique et numérique reconnue dans le monde entier, font l’objet d’un livret explicatif en langue française et d’un certificat de garantie. La marque Frémeaux & Associés a obtenu plus de 800 distinctions pour son travail muséographique de sauvegarde et de diffusion du patrimoine sonore.
This album, issued by the world-famous publishers, Frémeaux & Associés, has been restored using the latest technological methods. An explanatory booklet of liner notes in English and a guarantee are included.
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"Biguine Vol. 1" par Politis
“Si le zouk a conquis en quelques années une audience dépassant très largement le cadre des îles où il est né, les musiques qui le précédèrent, et le nourrirent, demeuraient largement inconnues. Elles avaient pourtant été enregistrées, dès les années trente, mais il semblait que faire revivre une histoire musicale antillaise n’ait aucun intérêt pour les compagnies phonographiques ou pour les pouvoirs publics. Aujourd’hui, heureusement, des initiatives de producteurs indépendants viennent combler cette lacune. Frémeaux & Associés propose deux coffrets de 2 CD reprenant les meilleures faces gravées à Paris par la fine fleur des orchestres martiniquais et guadeloupéens. On y découvrer le charme des voix féminines et l’enchantement des clarinettes meneuses de mélogie, hors de tout doudouisme. On y entend notamment deux des plus grands instrumentistes de l’entredeux-guerres : Alexandre Stellio, Martiniquais et Eugène Delouche, Guadeloupéen à qui, par ailleurs, deux recueils sont entièrement consacrés. Biguines, polkas, mazurkas, valses créoles déroulent leurs mélodies joyeuses ou nostalgiques annonçant ce que Chamoiseau et Confiant revendiquent aujourd’hui, une créolité fière de ses métissages, faite d’héritages, d’emprunts et, surtout, d’innovations : source d’un patrimoine antillais mais offert désormais au monde entier...” Denis-Constant MARTIN, POLITIS
"Biguine Vol. 1" par Le Monde de la Musique
“Two CDs and a fascinating 22-page booklet to revive memories of the glorious days of the Bal Colonial in Paris’s rue Blomet.” Franck BERGEROT, LE MONDE DE LA MUSIQUE
"Biguine 1929-1940" Par Le Guide du CD
***Le Guide du CD "L’âge d’or des cabarets et des bals antillais dans le Paris des années trente, qui fut une période où de nombreuses formations faisaient danser la capitale." LE GUIDE DU CD
***Le Guide du CD « L’âge d’or des cabarets et des bals antillais dans le Paris des années trente, qui fut une période où de nombreuses formations faisaient danser la capitale.
Parmi celles-ci, sont réunis dans ce CD parfaitement réalisé, le Créol’s Band, le Bal Colonial de la rue Blomet, l’Orchestre de la Boule Blanche, Tom et ses Juniors guadeloupéens, Roger Fanfant et Marcel Yamba. Avec un livret très documenté, qui fait de ce CD une référence. » LE GUIDE DU CD
Sélection France Inter
Sélection France Inter
© RADIO FRANCE
"A l'heure du quadrille, il ne s'agit presque plus d'une danse, mais d'une sorte de cérémonie rituelle, d'orgie sacrée, où tous les peuples communient dans la fureur qui règne dans les pays du sud." Roger VAILLANT - PARIS SOIR octobre 1931 / Sélection France Inter
© RADIO FRANCE
"Une culture caractérisée par l'insularité" par le Musée du Quai Branly
« La biguine, la valse et la mazurka créoles constituent les trois genres principaux d’une musique qui traduit admirablement la spécificité hétérogène d’une société et d’une culture caractérisées par l’insularité (Martinique, Guadeloupe), le métissage ethnique et la persistance d’anciennes traditions françaises.
La biguine fait flore à Paris ; entre 1918 et 1939 surtout grâce aux musiciens antillais, au clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio, au Bal colonial de la rue Blomet et aux grandes expositions internationales de 1931 et 1937.
Les enregistrements réalisés à Paris entre 1929 et 1940 sont les plus intéressants, témoignant à la fois de la diversité des styles et des orchestres, biguine satirique, improvisations jazziques des orchestres de la Nouvelle-Orléans, influences de l’éclectisme parisien de l’époque. » (Patrick Frémeaux, extrait des notes de pochette du double CD) - Musée du Quai Branly
« Antilles » par Le Monde de la Musique
Tandis que les noirs Américains inventaient le jazz en défilant en défilant dans les rues de la Nouvelle-Orlé&ans, les descendants des esclaves de Martinique et Guadeloupe inventaient la biguine dans les orchestres de carnaval de Saint-Pierre puis Fort de France. Comme le jazz de la Nouvelle-Orléans se fit connaître sur disque à Chicago et New York, c’est à Paris que la biguine fut fixée dans la cire. Attirés par le succès que celle-ci y rencontrait, les meilleurs musiciens antillais affluèrent en effet dans la capitale dès 1924 et multiplièrent les enregistrements à paertir de 1929, à la suite du clarinettiste Alexandre Stello, du violoniste Ernest Léardée, du tromboniste Archange Saint-Hilaire ou de la chanteuse Léona Gabriel. Ce sont ces faces Odéon, Parlophone, Columbia et Pathé qui sont enfin rééditées après des années d’oubli. Deux CD et un passionant livret de vingt-deux-pages pour revivre les grandes heures du Bal colonial de la rue Blomet.
Franck BERGEROT - LE MONDE DE LA MUSIQUE
« Biguines d’antan de Paris en deux CD » par France Antilles Hebdo
En 1993, deux CD retraçant la vie des orchestres antillais à Paris entre 1935 et sont sortis. Un heureux évènement. Un monument musical historique…Les CD « Biguines » de Jean Pierre Meunier (chez Frémeaux & Associés SA), sont des chefs d’œuvre du patrimoine harmonique contemporain. De la musique de variété, du jazz tel qu’on le pratiquait à la belle époque à Paris, on ne finit pas de rééditer ces 78 tours en CD, ceux de Jean Sablon, Maurice Chevallier, Sydney Bechet, Stéphane Grapelli entre autres. Manquait au panorama une présence Outre-Mer, une présidence antillaise. Ces deux ouvrages ont été réalisés par deux auteurs complices (dans leur texte explicatif du CD ils se renvoient l’éloge du travail bien fait). D’autant plus que leur démarche se veut complémentaire. L’ouvrage « Biguines » de Jean-Pierre Meunier (co-auteur d’une sublime biographie de Léardé) s’intéresse à la biguine (assurément) mais aussi à la valse et la mazurka créoles. Jean-Pierre Meunier s’est axé sur la période allant de 1929 à 1940. Une période où les enregistrements réalisés à Paris sont les plus intéressants car ils témoignent de la diversité des styles t des orchestres de l’époque, une diversité des sons et des idées. Faut-il aller vers un peu plus de musique classique, se demande Eugène Lelouche. Suivre la mode du jazz naissant en France, ou du hot club s’interroge (en 1935) Robert Mavounzy ? Le CD de Jean Pierre Meunier se présente comme un somptueux coffret de deux CD comprenant pas moins de 36 titres illustrant ce qu’on a enregistré des orchestres antillais de cette époque jouant la musique « d’an tan-lontan » de leurs îles respectives. On y trouve quelques raretés qui raviront les connaisseurs. Notamment « Krakador bon ti coin Capesterre la » où excellent dans une biguine de 1933 en duo de piano, les frères Martial, Claude et Bruno. Pour le premier, Claude, c’est l’amorce d’une brillante carrière Parisienne qui le fera ovationner à la Cigale jusqu’à la fermeture du club au miliueu des seventies ou à la Canne à Sucre auprès des plus grands ; Sobiud, Stellio, Mavounzy…Autre bonheur incommensurable, une divine biguine, Bossu Doudou, air de Saint Pierre sublimé ici par le chant et la clarinette de Sam Castendet. Ce travail d’archivage a été fait minutieusement par Jean-Pierre Meunier. Ingénieur EDF de métier, il a découvert la musique antillaise il y a une vingtaine d’années lors de son mariage avec une martiniquaise. Amateur au départ de jazz, il commence par se créer une collection de 78 tours…Dans son appartement parisien, à côté d’un gramophone (idéal pour l’écoute de ces sonorités d’antan), il confesse : « J’ai eu la chance de recueillir les souvenirs de nombreux musiciens pioniers de la biguine. Leurs précieux contacts m’ont permis par le passé d’être le co-auteur avec Brigitte Léardée d’être l’auteur d’une biographie d’Ernest Béardée, « la biguine de l’Oncle Ben’s » aux éditions Caribéennes. Parallèlement, à mon archivage des 78 tours, je collectionne également les partitions de musique antillaise de cette époque et des photgraphies de musiciens et d’orchestres antillais de cette éposue. J’ai quelques 2000 photographies. Ma démarche est celle de l’amoureux persévérant ».
François THOMAS - FRANCE-ANTILLES HEBDO
« Une saga essentielle» par Le Figaro
Le Titi réagit à notre dossier « Que reste-t-il de Montparnasse » (notre édition du 10 Mai). Un éclairage qui nous apprend que le carrefour Vavin était aussi le quartier antillais de la capitale. « Au carrefour Montparnasse, écrit Simenon dans « La tête d’un homme », la vie battait son plein, il était midi et demi »…A la façon de Balzac exprimant les hasards de la rue Pangevin, Simenon réduit, lui, La Coupole de 1931, depuis Décembre 1927 l’établissement de proue de Montparnasse ; Le film qu’en 1932 Duvivier tire de « La tête d’un homme » montre le bar « américain » de la brasserie. De belles dames en chapeau cloche juchées sur de hauts tabourets trinquent avec de beaux messieurs à nœud pap’. Arrive Maigret. Encore qu’il soit « de la génération de la brasserie et des bocks », la vieille école, le commissaire essaye un Manhattan mais sans toucher aux olives que Bob, le barman, pose devant lui…Dans ce coin de Paris, note Simenon, la proportion est de quatre-vingts pour cent d’étrangers. Montparnasse quoi ! L’endroit le plus cosmopolite, bariolé, bohème, de Paris, qui « a vaincu Montmartre parce que Montparnasse, explique Héron de Villefosse, touche au Quartier latin et que c’est toujours la jeunesse étudiante, artiste, étrangère ou non, qui excitera le foyer de la gaieté urbaine ». Même si la défaite de Montmartre serait à étayer, les dessins et tableaux d’époque représentant les terrasses du dôme, de la Rotonde, l’intérieur du Jockey, attestent de la surexistence du Montparnasse de l’entre-deux guerres…Les témoignages concordent, on s »’y amusait. Preuve du tellurisme populaire Parisien, les faux bals apaches faisaient florès. L’instigateur en était dessinateur Paul Colin. Le 20 février 1931, « le trépidant Georges Simenon », selon Odette Pannetier dans « Candide », lui demande d’organiser un bal Anthropométrique pour fêter la sortie de ses derniers romans. Déguisés en hommes et femmes du milieu, mille invités chics s’agglutinent, non chez Bousca rue de Lappe ou à l’As de Cœur rue des Vertus, mais à la Boule Blanche, le bal « nègre » du 33, rue Vavin. Jean-Pierre Meunier, qui édite trois Cd consacrés à la musique antillaise entre 1929 et 1943 à Paris, nous apprend qu’alors la Boule Blanche vibrait au rythme du grand clarinettiste martiniquais Stellio (1885-1939), et à la voix rauque et gouailleuse de la belle Léona Gabriel (1891-1971), tante d’Henri Salvador. Revêche aux cadences créoles, Odette Pannetier remarque néanmoins qu’en dansant, les invités de Simenon « semblaient absolument extasiés ». Montparnasse a été le lieu privilégié de la musique « z’Antilles » à Paris. Tout avait commencé au bal colonial, 33 rue Blomet. D’après Warnod, sa découverte en revient à Pascin. Juste après le succès de la Revue nègre de 1925 avec Joséphine Baker, le Tout-Montparnasse colonise le lieu. Lancinante, la « boîte à clous » - chacha en créole, les maracas – de l’orchestre du pianiste Jean Rezard-Desvouves donnait la fièvre aux esthètes…Avant de mourir, Ernest Léardée (1896-1988), violoniste puis clarinettiste, l’Oncle Ben’s de la publicité télévisée, a confié à sa femme Brigitte et à Meunier ses souvenirs. Ils permettent de reconstituer l’itinéraire des musiciens antillais à travers Monparno, de la Boule Blanche au Tagada-Biguine du 12, rue de l’arrivée – décoré en 1931 par Colin, tenu par Stellio – rebaptisé le Madinina-bar en 1932, à l’Élan noir du 124, boulevard de Montparnasse, monté fin 31 par Léardée…Liste non exhaustive d’une saga essentielle à Montparnasse encore que trop peu connue…
Claude DUBOIS – LE FIGARO
«Le fameux Bal Nègre » par Ecouter Voir
Du côté des « musiques sœurs » du jazz, il convient de noter l’extrême importance des musiques antillaises qui firent les belles nuits de la capitale pendent l’entre deux guerres. Ces musiques étaient magiquement distillées dans plusieurs cabarets dont le plus célèbre était le fameux Bal Nègre de la rue Blomet. Établissement fréquenté par certains surréalistes (Prévert, Desnos, Marcel Duhamel) et si bien chanté par le poète André Hardelet « Des Vénus en flammes de punch / Frottaient la biguine créole / Leur doux contact a fait dresser / - O Blomet Street – des auréoles/ Sur nos espoirs à caresser ». Les plus fameux musiciens antillais « parisiens » de l’époque ont pour noms : Alexandre Stellio et Eugène Delouche ( tous deux clarinettistes, compositeurs, et chefs d’orchestre ), Ernest Léardée (violon), Al Lirvat (trombone), Robert Mavounzy (saxophone). Les rapports entre les musiciens antillais et le jazz furent fréquents. Ainsi le saxophoniste robert Mavounzy, tenu par Charles Delaunay comme un très grand musicien de jazz, fut en France un pionnier du be-bop en même temps qu’il fit avec Al Lirvat les beaux jours du cabaret antillais La Cigale, après la Seconde guerre mondiale. L’instrumentation des musiques traditionnelles antillaises avec la clarinette comme instrument roi, la pulsation particulière des mazurkas, biguines et valses créoles évoquent les « couleurs » des premiers enregistrements du jazz de la Nouvelle-Orléans (Sydney Bechet notamment).
ECOUTER VOIR
« Autres exotismes» par Le Monde
Comment partir sur la trace des bourgeois et des poètes partis s’encanailler dans les « bals nègres » et autres exotismes. Comment remonter le fil d’une histoire d’amour qui dure toujours (le zouk aidant). Ces deux coffrets sont remplis de richesses insoupçonnées et de renseignements précieux sur la vie nocturne de la capitale, sur les échanges entre les Antilles françaises et la Métropole. Tous les orchestres historiques y figurent et le livret est fort bien fait.
LE MONDE
« Entre une capitale cosmopolite et une colonie métissée » par Le Monde
Le 8 Mai 1902, Saint-Pierre de la Martinique est réduit en cendres : le théâtre, les cerles de société, les bastringues où l’on dansait les biguines à deux temps, la mazurka, la valse créole ou la valse pasillo, sont engloutis sous la lave de la montagne Pelée. Encore sous le choc, Fort-de-France prend le relais, et les clarinettistes, violonistes, joueurs de chacha (un cylindre de fer blanc rempli de grenaille) recommencent à enflammer les nuits de la nouvelle métropole martiniquaise. Á Paris, les soldats de la guerre de 14-18 apportent dans leurs musettes les rythmes des vidés (les défilés de carnaval) et de danses « par quoi Versailles à la Guinée s’unit aux Amériques » (Gilbert Gratiant). Dès 1924, le pianiste et homme d’affaires Jean-Rézard Desvouves anime, avec une poignée de poilus rescapés de la Grande Guerre, le Bal colonial de la rue Blomet, ouvert dans l’arrière salle d’un café auvergnat. En 1928, Laviolette installe un bal moins voyou, le Bal de la Glacière, et convoque à Paris le clarinettiste et compositeur déjà célèbre en Martinique, Alexandre Stellio (de son vrai nom Fructueux Alexandre, 1885-1939). En Septembre 1929, Stellio et son orchestre (Ernest Léardée au violon, Archange Saint-Hilaire au trombone, Victor Collat au violoncelle, puis le batteur et chanteur Crémas Orphélien) enregistrent les premières biguines, dans un style nourri par les nouveautés en provenance de la Colombie, des États-unis ou du Venezuela, dont serpent maigre, une sorte de ragtime coloré dédié à un clarinettiste rival, Isambert. Une histoire de royalties divise les compères. Ernest Léardée dirige l’orchestre du Bal nègre de la rue Blomet. Stellio joue au restaurant dancing le Rocher de Cancale, quai de Bercy, puis au cabaret la Boule blanche, rue Vavin. D’exposition coloniale en engouement mondain et frondeur, la biguine, les cabarets nègres (le Tagada-Biguine, l’Elan Noir, Le Mikado…), vont faire vibrer Paris jusqu’au seuil de la seconde guerre mondiale. C’est cette histoire d’amour entre une capitale cosmopolite et une colonie métissée que raconte le coffret Biguine, valse et mazurka créoles (1929-1940). On y retrouvera avec un plaisir à peine troublé par les bruits de fond (même correctement restauré un 78 tours accuse toujours son âge) des versions originales de chansons célèbres, telle Ba Moin En Ti Bo Doudou – dont on connaît les avatars ultérieurs – enregistrée en 1931 par l’orchestre du batteur martiniquais Paul Delvi, des voix déchirées et hautes (A Si Paré, par Léona Gabriel, en 1930), des complaintes en forme de valses et des récriminations politiques acerbes (Nègues bon défençeus, par le Guadeloupéen Sosso Pé-En-Kin). Les richesses et les drames de l’histoire suspendus sur un fil à danser…Il y a trois ans, Kali, jeune musicien Martiniquais d’abord passé par la grande vague du reggae Caribéen, avait repris son banjo, exhumé le son du violon et renoué la grande tradition exposée ci-dessus pour produire deux albums au charme sans égal, Racines 1 et Racines 2. Le (grand) public aima ce grand garçon avec des dreadlocks qui repêchait valses et mazurkas en péril. Puis, l’an passé, vinrent les temps de l’Eurovision, d’une certaine défaite de l’authenticité, subitement devenue un amusement de petit écran. Pour son nouvel album, Lese la Te Tounen, Kali a renoué avec lui-même, avec les rastas technos, la basse électrique, le synthétiseur et les chansons d’opinion bien tournées. Les puristes s’en trouveront déconcertés, mais la Martinique d’aujourd’hui, c’est aussi cette capacité à digérer ce qui passe, de la samba-reggae brésilienne au reggae post-Marley, des tambours nègres des mornes (Eugène Mona n’est pas si loin) au banjo (toujours) du rag d’antan. La terre tourne, il ne faut pas en troubler le mouvement, dit Kali, qui a peur que l’on vende son île à la bêtise. Il se lamente du commerce du crack et de la coke, alors que perdure le mépris à l’égard d’herbes plus naturelles et chante, pour conclure, le Quadrille de l’apocalypse : « La téa ka tranblé enba pié nou, mé nou ka kontinuyé dansé » (« La terre tremble sous nos pieds, mais nous continuons de danser »).
Véronique MORTAIGNE – LE MONDE
«L’âge d’Or des bals et cabarets antillais » par France Antilles Hebdo
Dans un dernier numéro du Monde, cahiers arts et spectacles, le quotidien du soir plébiscite le travail de Jean Pierre Meunier. Les deux coffrets « biguine » (distribution Frémeaux) qui retracent l’âge d’Or des bals et cabarets antillais de Paris viennent d’être classés parmi les CD de 94. Le commentaire de notre confrère à propose de ces deux CD est le suivant : « Comment partir sur la trace des bourgeois et des poètes partis s’encanailler dans les « bals nègres » et autres exotismes ? Comment remonter le fil d’une histoire d’amour qui dure toujours (le zouk aidant). Ces deux coffrets sont remplis de richesses insoupçonnées et de renseignements précieux sur la vie nocturne de la capitale, sur les échanges entre les Antilles françaises et la Métropole. Tous les orchestres historiques y figurent et le livret est fort bien fait ». Bravo Jean-Pierre Meunier !
FRANCE ANTILLES HEBDO
« Valse des rencontres» par Le Nouvel Afrique-Asie
Octobre 1925 : Joséphine Baker et le Revue Noire passent au théâtre des Champs-Élysées. Le public français raffole de ces « nègres à talents », authentiques « tout-monde », doués d’un génie presque insolent dans le jeu de la clarinette, du trombone ou du cornet à pistons. La musique métisse des Noirs de la Caraïbe se diffuse ainsi au cœur de la métropole. C’est surtout la biguine qui bouleverse le paysage sonore de la capitale hexagonale entre 1918 et 1939, où le clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio et le « Bal colonial de la rue Blomet » occupent le devant de la scène. Les enregistrements présentés dans ce coffret de deux lasers ont été réalisés à Paris entre 1929 et 1940 et témoignent de la richesse d’un courant musical, valse des rencontres où les influences jazzy de La Nouvelle-Orléans sont le troisième partenaire.
LE NOUVEL AFRIQUE-ASIE
«Voyage dans le temps » par Trad Magazine
Après « Musette et Swing » volume 1 et 2, « Tziganes », voici « Biguine » sous titré « l’âge d’Or des bals et cabarets antillais de Paris ». Ce précieux document fait figure d’encyclopédie, tant par les disques eux-mêmes que par l’impressionnant livret. Jean-Pierre Meunier, fondu de musique antillaise, a bien voulu nous dévoiler le meilleur de son incroyable collection de 78 tours, de photos et de documents sur les orchestres qui jouèrent à Paris dans les années trente. Á écouter les repiquages, à lire les textes et à admirer les magnifiques reproductions de photos d’époque, on imagine le travail de fourmi qu’il a effectué depuis 20 ans. Fortement teintée de jazz de New Orleans, cette musique de danse a néanmoins reçu toutes les influences qui traînaient, quand Paris était encore la capitale culturelle du Monde, dans les orchestres, les clarinettistes sont à l’honneur :Stellio, Eugène Delouche, Sam Castandet…souvent leaders et compositeurs, ils ont le même statut que les accordéonistes des bals musette de la même époque. On fait ce voyage dans le temps, de biguine en habanera, de rumba en mazurka, , Casse Cô, valse et pastourelle, et des voix nasillardes qui chantent en créole, nous plongent dans la fumée des cigares de la « Cabane Bambou » ou de la « Boule Blanche ».
Robert SANTIAGO – TRAD MAGAZINE
« A wonderful reissue project » par Blues & Rhythm
Six CDs, 108 tracks, and a playing time of just over five hours and ten minutes makes for an extensive reissue project. The biguine originated on the French Caribbean island of Martinique, which has close ties with its near neighbour Guadeloupe (both are now ‘departements’ of France rather than colonies), from, it is postulated here, the slaves reinterpreting the quadrille and polka. The clarinet is the main instrument, with violin, trombone, trumpet, sax – particularly alto – guitar or banjo, piano and kit drums also usual in the line-up. The biguine became popular in Paris towards the end of the twenties and at that times had close link with jazz, especially the New Orleans variety which it can sometimes resemble, particularly in the way the créole clarinet weaves its way around and about the melody ; the cha cha, a metal tube filled with rice or seeds and frequently used as a percussion instrument, also imparts a sound often similar to washboard, so that occasionally performances are reminiscent of Clarence William’s Washboard Band. Listening to these CDs, New Orleans jazzman Sydney Bechet’s immense popularity in France becomes easily understandable, and certainly the popularity of this music helped to establish jazz as a serious musical force in France and beyond. These sets contain material issued on 78 by such labels as Odeon, Inovat, Salabert, Columbia, Parlophone, Sonabel, Pathé, Gramophone, Ultraphone, Cristal and Polydor, all recorde in Paris, plus two titles recorded in London and released by Decca. The time scale takes the listener from the initial recordings of the music at the end of the roaring twenties – Stellio was the first to record the biguine inParis (after studying jazz records and discs from Colombia and Venezuela) and the rather wild sounding « Serpent Maigre » from his debut session in september 1929 is fittingly the opening track – right up, amazing enough, to the German occupation of France and a couple of modern sounding tracks which point towards the modern bebop flavoured beguine that emerged after the War. As the series title indicates, although the biguine is by far and away the style of of the majority of these tracks, there are also Creole waltzes, mazurkas, occasional Latin sounds such as the rumba, a lullaby, a polka, some « folklorique » material and several numbers from french Guyana. The song topics range from nostalgia to for the islands to advertissements for clubs where the bands enjoyed residencies and on to Sosso Pé-En-Kin’s hideously ironic complaint – referencing the Great War and the Italian invasion of Ethiopia – that the black man ois merely cannon fodder (he died as a result of wounds received at the front in 1940). The dated and formal vocals of one or two of the female vocalists may not be to modern tastes- particularly Madame Maïotte Almaby, though her own « Madiana », which Josphine Baker also sang, is truly a beautiful performance. These may be offset for some by the assured guitar work of Pollo Malahel (pictured holding what looks like a four string National Steel). These three sets are sold separatly and come in double slipcases, with beautifull packaging, excellent sound and well-researched and extensive notes – in French only on volume one, though as the English translations on the other two sets are seriously abridged, if you can read French, you will find much more detail there. In short, this is a wonderful reissue project that is certainly of interest to those who enjoy vintage jazz or vintage calypso.
Norman DARWEN – BLUES & RHYTHM