Musiques et chants des Dogons
Par Patrick Kersalé © Buda Musique
Le pays dogon
Le Mali est un pays d’Afrique de l’Ouest d’une superficie de 1 240 000 km2 bordé au nord par l’Algérie, au nord-ouest par la Mauritanie, à l’ouest par le Sénégal, au sud par la Guinée et la Côte d’Ivoire et à l’est par le Burkina Faso et le Niger. Il se situe de plus entre le monde Arabe au nord et les peuples Noirs au sud. Cette situation géographique en fait un pays d’une grande richesse ethnique et musicale.
Les Dogons représentent environ 3 % de la population du Mali. Ils peuvent être considérés comme l’ethnie ayant le mieux conservé ses traditions. Ils vivent dans la zone Sud de la bande Sahélienne africaine au sud-est de Mopti, dans les cercles de Bandiagara, Koro et Bankass, près de Douentza et, au Burkina Faso, au nord-ouest de Ouahigouya.
Le pays Dogon est séparé en deux par la falaise de Bandiagara longue de 200 km et dont la hauteur varie de 300 à 600 mêtres.
On considère généralement trois zones d’habitat : le plateau, la falaise et la plaine. Ce disque présente des aspects de la musique dogon appartenant à ces trois zones.
La langue
Les dogons parlent des dialectes différents en fonction de leur situation géographique ; parmi les plus importants par rapport au nombre de locuteurs : tómo kã` (région de Ningari), djamsáj (région de Koro), dono (région de Bandiagara), tɛngu kã` (région de Bankass), (région de la falaise). Des variantes dialectales existent également en fonction des villages. Les noms vernaculaires sont notés en caractères phonétiques et sont propres au dialecte des villages où les enregistrements ont été réalisés.
La musique et les instruments
La musique traditionnelle dogon est exclusivement fonctionnelle. Elle accompagne les rites, les fêtes, les jeux, le travail, en résumé, la plupart des actes collectifs de la vie sociale et religieuse.Le terme « musique » semble inapdaté pour désigner certaines formes d’expression sonore des Dogons. En effet, le jeu instrumental s’apparente plus souvent à une transposition sonore du langage parlé, qu’à de pures compositions mélodiques ou rythmiques. L’exemple le plus significatif est probablement celui des messages joués sur les tambours à variation de tension, annonçant les nouvelles aux villageois ou permettant aux jeunes gens de défier à la lutte, les garçons de quartiers ou de villages rivaux.
On notera, qu’il n’existe pas, dans le vocabulaire dogon, de mot traduisant littéralement le terme « musique » ; le seul qualificatif est le mot bòj (en ), signifiant tambour. Le « chant » est, quant à lui, traduit littéralement par “ní” (en ). Cependant, afin de simplifier notre discours, nous emploierons malgré tout le mot « musique ».
Les Dogons possédent une trentaine d’instruments de musique, dont certains leur sont propres : tambours cylindriques et en sablier à deux peaux, tambours hémisphériques, tambour à fente, flûte à embouchure latérale, sifflets à embouchure terminale, cithares tubulaires, récipients percutés, sistres, hochet, lithophones, rhombes, cloches de fer à battant externe…Certains instruments sont joués sans restriction d’usage, d’autres seulement lors de certains rituels.
Les chants
Les chants présentés dans ce disque sont tous de type responsorial et homophonique. Les échelles tétratoniques, excepté pour le chant de pilage (plage 20), où il est pentatonique.
La répartition des degrés à l’intérieur des échelles varie d’un chant à l’autre.
Ces enregistrements ont été réalisés en février 1996.
Lieux d’enregistrements
Bandiagara : 1 - Barapireli : 2 à 6, 24 - Bongo : 13 à 15, 19 - Irelli : 7 à 9, 11, 12, 17, 18 - Tireli : 10, 16, 20 à 23
Autre CD Dogon du même auteur
Cérémonies rituelles des Dogons / Collection Peoples - PEO-807 / VDE-GALLO
Enregistrement, montage, photographies et dessins : Patrick Kersalé
Remerciement à tous les amis musiciens de pays Dogon ; à nos guides Amadou Coulibaly et Djibril Lougue ; à Pio Pèmè Douyon et Abinon Teme pour leurs conseils éclairés.
Ce disque est sorti en 1997 chez Buda Musique (collection Dominique Buscail dirigée par Gilles Fruchaux) distribué par Universal.
Discographie
Chant de réjouissance et de mariage/sãgire : Chant de réjouissance.
Chants de circoncis/sɛndi ní : 2. Chant de communication - 3. Chant d’aumône - 4. Chant de remerciement - 5. et 6. Chant blasphématoire.
Chant de funérailles des hommes/badju ní : 7. Introduction à la veillée funéraire - 8. Bénédictions - 9. Transfert du défunt.
Prière rituelle : 10. Rituel de la pluie.
Fête du búlu : 11. Chant des enfants - 12. Saluations aux beaux-parents - awa janu.
Musique pour la lutte rituelle : 13, 14 et 15. Lutte rituelle.
Jeux : 16. pélu péle - 17. daleda - 18. ajara (danse des margouillats).
Chant de funérailles des femmes : 19. Danse des femmes - ja go.
Chant de travail : 20. Chant pour le pilage communautaire - 21. Chant pour la préparation du beurre de karité.
Chant d’accueil : 22. Chant d’accueil du hogon - 23. Chant d’accueil pour les étrangers.
Le cri de l’hyène : 24. akogona.
PETITES ÎLES DE LA SONDE ET DE PAPOUASIE
Art coutumier d’Indonésie et d’Océanie
La Galerie Frémeaux et Associés présente un fonds d’art primitif et coutumier des petites îles de la Sonde et de la Papouasie grâce à une collection de masques et statues du Timor (anciennement îles de la Sonde) et de sculptures Papoues. Environ 2000 ans avant notre ère, les austronésiens, peuples du Sud de la Chine, immigrent vers l’Indonésie et constituent sans doute les premiers marin de l’Histoire de l’humanité. Le caractère insulaire de ces zones favorise le développement indépendant et original de cultures tribales appuyées sur un art coutumier propre. Le Timor connait à ce jour deux langues majeures : le malaya-mélanésien et le Papou, signe de la connexion persistante entre ces deux îles, expliquant la communauté esthétique de l’art tribal entre ces deux régions.
Les œuvres présentées vont du Korwar, célèbre statue funéraire papoue dont un modèle à l’esthétique semblable avait servi de couverture à une exposition des musées Barbier Mueller jusqu’à de très grands masques en bois de coco, en passant par des statues à la facture très contemporaine, semblables par leur aspect à des pièces exposées au musée du Quai Branly.
Ces objets ont été acquis dans des villages tribaux par des collecteurs timoriens dans les 20 dernières années et ensuite sélectionnés en Août 2010 en Indonésie par Claude Colombini, Patrick Frémeaux et moi-même pour les faire importer par la Galerie Frémeaux & Associés. L’ancienneté de ces objets va de 40 ans pour les masques en bois de coco et certaines statues, de 70 à 90 ans pour des statues de la tribu Fatuleu de l’Ouest Timor, et jusqu’à 120 ans pour les œuvres Bulu-mandeu.
Chaque collecteur a pu établir le niveau d’ancienneté de chaque œuvre par la mesure du nombre de générations l’ayant connue et utilisée. Un objet manié par les grands-parents a plus de 40 ans, un objet qui provient d’arrières-grands parents est donc vieux de 50 à 70 ans; il est ainsi nécessaire de pouvoir remonter sur plus de 5 à 6 générations afin de dater un objet ayant plus de 120 ans.
Chaque objet présenté dans cette exposition par la Galerie Frémeaux & Associés a donc servi dans son rôle spirituel ou coutumier. Des objets ayant entre 40 et 120 ans peuvent-ils être qualifiés d’art primitif tribal ?
En Afrique une ancienneté de 150 à 300 ans est nécessaire pour que l’objet n’ait pas subi une forme d’“acculturation” ou d’“enrichissement” liée à la rencontre entre la civilisation tribale et l’Occident pour pouvoir parler d’art premier. Bien que l’Insulinde ait commencé à entretenir des relations avec l’Occident vers le XVème siècle et fut un comptoir pour la Compagnie Hollandaise des Indes, l’ancien Timor, comme la Papouasie, a conservé son identité culturelle tribale et n’a pas connu de transformation liée à la mondialisation. A ce jour, le Timor n’offre toujours pas d’infrastructures touristiques.
Au-delà de la force esthétique des objets, cette exposition intéressera toute personne sensible à l’histoire de l’art. Il suffit d’être allé dans n’importe quel musée d’art occidental pour voir combien tous les mouvements d’art du XXe siècle, de Picasso à l’art brut, sont les héritiers volontaires ou non de l’art tribal d’une grande majorité des ethnies du monde entier. Ces objets ethniques issus du Sud-est de l’Indonésie, des îles de la Sonde et de la Papouasie, sont des exemples de la force de l’expressivité artistique que l’art primitif révèle aujourd’hui à toute l’humanité.
Lola Caul-Futy Frémeaux
PAPOUASIE NOUVELLE-GUINÉE
Ambiances naturelles et chants des hommes de l’âge de pierre.
Sounds of nature and songs of stone-age men.
(CD + livret 8 pages)
Au XXème siècle, dans le Pacifique Sud, il subsiste quelques milliers d’hommes vivant comme au paléolithique supérieur (15000 ans av. J.C.) à l’écart de la civilisation moderne : les Papous. Ce disque permet de vivre un moment avec cette population d’un autre âge dans son cadre naturel quotidien. Des musiques et des voix exceptionnelles ! Nouvelle édition de cet enregistrement patrimonial de Pierre Huguet référencé à la vente pour le public par les RMN (Réunion des Musées Nationaux) au Musée du Quai Branly (Musée des Arts Premiers).
Patrick Frémeaux
« Ces enregistrements (...) nous ramènent à l’essence même des musiques premières. »
Étienne Bours - Trad Mag
Hommage de la revue “Vibrations”
Preservation society
Acteur majeur de la préservation du patrimoine sonore mondial, Frémeaux & Associés fête ses vingt ans en pleine crise du disque.
Bilan
Quel point commun entre l’intégrale de Django Reinhardt et celle des discours du Général de Gaulle ? Entre la musique biguine et les chants des pinsons ? L’Étranger lu par Camus et la Contre-histoire de la Philosophie de Michel Onfray ? Tous figurent au catalogue Frémeaux & Associés, maison de disques des plus atypiques. « Notre métier, c’est un peu de vendre des disques qui ne se vendent pas, sourit son fondateur, Patrick Frémeaux. Chaque année, on vend environ un million de disques sur des sujets ou des auteurs que la concurrence ne se pose même pas la question d’éditer. »
C’est en effet face au constat que les majors laissaient en déshérence toute une partie du patrimoine sonore mondial – jazz, blues, gospel, musiques du monde – que Frémeaux s’est lancé en 91. Livret érudit, restauration sonore de pointe, le label s’impose par la rigueur et l’exhaustivité de son approche (vingt doubles CD pour Django, dix triples pour Louis Armstrong) et élargit son champ d’action au fil des années. « On a remis à la disposition du public tout ce que l’industrie phonographique ou le service public avaient pu enregistrer de qualité et d’importance historique, comme les enregistrements bioacoustiques [les sons de la nature, ndlr] ou parlés, des discours de Léon Blum aux créations de Cocteau. »
Point crucial : le non-déréférencement. Tout disque sorti reste disponible au catalogue, car « il doit avoir un intérêt historique au-delà de l’actualité et pouvoir être travaillé sans limite de temps », justifie Patrick Frémeaux, qui a bâti un modèle économique idoine. « La rentabilité de nos produits se fait sur du très long terme, ce qui va à l’encontre des dogmes économiques actuels, l’amortissement dans l’année, le flux tendu… » Le label produit en permanence deux cents disques et en publie une centaine par an. Parmi les nouveautés à venir, des cours magistraux – littérature, histoire, art – à l’usage du grand public en collaboration avec les Presses Universitaires de France. Rayon musique, après une récente et épatante Anthologie des Musiques de Danse du Monde en deux volumes et un réjouissant Trinidadien-Calypso 1939-1959, Frémeaux va poursuivre son exploration des Îles du Golfe du Mexique, riches de ports « où a lieu une fusion entre les musiques traditionnelles endogènes et celles importées d’ailleurs, créant un métissage et un genre musical uniques dans pratiquement chacun d’entre eux ». Comme tout acteur de la filière, Frémeaux est affecté par le téléchargement illégal et la disparition des disquaires. Il reconnaît une baisse d’un tiers de son chiffre d’affaires par rapport à 2002, contre 50 % pour l’ensemble du marché, et n’exclut pas que ce dernier puisse encore rétrécir de moitié. Et si la vénérable maison de disques a rendu disponible en numérique une grande partie de son catalogue, son fondateur se montre sceptique quant à cette voie. « L’augmentation de l’économie numérique ces deux dernières années n’a pas du tout compensé en termes de chiffre d’affaires la baisse du physique. Je pense qu’elle ne la compensera jamais et ne constitue donc pas un marché de substitution réelle. »
Frémeaux continue donc de croire au format physique, ses 1200 disques contituant pour celui-ci le plus convaincant des plaidoyers.
Bertrand Bouard - Vibrations
© 2012 Vibrations
Frémeaux, un magistère de la Mémoire
par Lucien Malson
Je n’avais pas revu Patrick Frémeaux depuis bien longtemps. Nous nous sommes retrouvés en mai dernier, à Vincennes. D’emblée, il m’a rappelé qu’à son lycée avait été indiqué aux élèves d’aborder trois auteurs : Mead (la grande Marguerite), Lévi-Strauss (je suppose celui de Tristes Tropiques) et Malson (celui du sauvage aveyronnais). On ne peut, en cas de ce genre, être content qu’avec retenue, mais content quand même. Nous passâmes à autre chose. Les Cahiers paraissant en décembre, il me semblait possible de célébrer, à quelques mois près, la naissance en 1992, et pour ses vingt ans, d’une société vouée à la musique, à la peinture, à la parole et à l’écrit, société que saluera plus tard, pour ses actions muséographiques un grand prix in honorem de l’Académie Charles-Cros.
Nous avions connu, Frémeaux et moi, l’entrée dans l’ère des Ressources Humaines où tracassaient des Directeurs. Ils dominaient les citoyens plongés dans le bassin ou les viviers d’emploi et parfois propulsés vers le célèbre marché. Autant de lieux résonnant, par leur appellation, de toute leur lourdeur ontologique. Les hommes devenaient objets plus que sujets d’une pêche dérisoire. L’art lui-même tombait dans un monde chosifié. Une anecdote permettra d’illustrer en flash l’idéologie de ce temps-là. Venu un jour au bureau d’Henri Renaud pour m’informer des nouveaux albums de Miles, Henri, maître de l’humour froid, me répondit qu’il restait Conseiller artistique, qu’il avait failli devenir Directeur Marketing (sans préposition, à l’anglosaxonite) mais qu’il ne pouvait plus parler de disques, simplement de produits, nouvelle dénomination dans l’épicerie culturelle. Les « majors compagnies » n’avaient alors pour but essentiel que de vendre en un temps très court, à rentabilité quasi immédiate et sans grand souci de préservation du travail musical. C’est cette procédure que devait renverser la maison vincennoise en défendant ses ambitions patrimoniales.
Patrick Frémeaux et Claude Colombini, fondateurs d’une société originale, portaient sur les œuvres un regard respectueux, avec champ de vision étendu. La peinture eut droit à leur Galerie comme les musiques du monde à leur catalogue. Musiques des hommes mais aussi musiques des oiseaux (tant qu’il en reste) captées sur tous les continents de la terre. Le souci d’universalité s’étendra autant à la parole qu’à l’écrit. Des voix qui donneront aux propos une dimension plus intime et autrement sensorielle, au service de l’histoire ou favorable à l’actualité. Par exemple, voix de la Grande Guerre, de Lénine ou de Foch, et des poilus témoins navrés. Voix de De Gaulle ou de Klarsfeld, et des collabos nazifiant, de la Seconde tuerie. De la même manière, chez Frémeaux, sont entendus les penseurs modernes, les écrivains, les scientifiques, les intellectuels « du Sud ». Pour la bibliothèque sonore, des acteurs lisent les grands auteurs des lettres françaises et étrangères, en nombre imposant d’Homère à Proust, et au-delà. Le jazz occupe une place considérable, Frémeaux le tient pour une passion principale, en compagnie de la philosophie. Je prends le risque de croire qu’il a opéré le bon choix(…)
Quelles éminentes qualités doit-on souligner de ces collections jazzistiques ? Nous en énoncerions quelques traits. Leur pérennité voulue et maintenue par les stocks de l’éditeur. Leur disponibilité permanente à être reçues sur demande. Leurs vitrines d’exposition en 32 pays, grâce à 2 000 libraires, 4 000 disquaires, 400 musées. Cela rendu possible par ce que Patrick Frémeaux appelle « une gestion financière de très long terme, près de celle généralement accordée au service public ». Sans oublier « la direction artistique de chaque projet confié aux plus grands spécialistes qui, outre le programme du disque, fournissent dans leur livret [qui peut atteindre 40 pages] un véritable appareil documentaire et artistique ».
Nous aimons beaucoup, et avec raison, cette librairie sonore. Nous nous faisons ici le plaisir de fêter, rappelons-le, ce qui sera, dès demain, son vingtième anniversaire.
Lucien Malson - Les Cahiers du Jazz © Outre Mesure
Lucien Malson est l’auteur du livre référence “Les enfants sauvages” (1964) adapté au cinéma par François Truffaut sous le titre “L’enfant sauvage” (1969).
Conférence de Patrick Frémeaux, galeriste, marchand d’art, éditeur de philosophie et d’archives sonores, en présence d’Olivier Le Bihan, directeur du Musée d’Art moderne de Troyes, et de Jean Luc Rio, directeur de la librairie Les Passeurs de textes. A l’occasion de l’exposition « Collections croisées » (Collections nationales Pierre et Denise Levy et Collection Sargos)
(…) C’est un regard sensiblement différent qu’offrira Patrick Frémeaux. Grand voyageur, collectionneur et marchand d’art, l’homme est également éditeur sonore et, depuis près de vingt ans, éditeur d’archives ethnographiques, musiques et cérémonies rituelles.
(…) Dans un propos liminaire, l’homme « posera les choses » et s’attachera plus particulièrement aux préjugés qui collent aux arts tribaux au XXe siècle.
Abandonner les critères qui sont nos repères…
Sans doute est-il difficile d’abandonner les critères à l’aune desquels nous jugeons l’art occidental. L’ancienneté de l’œuvre. Le (re) nom de l’artiste. La notion d’œuvre même. Le distinguo entre l’œuvre et l’objet…
L’ancienneté même tombe au regard de l’usage. La valeur de l’objet tient au fait qu’il a été utilisé, que ce soit dans un rôle rituel ou coutumier. Et il faut encore que sa création soit exempte de toute influence occidentale… Car, en la matière, la mondialisation a plusieurs siècles déjà, au regard de l’ethnologie. Quand les Espagnols ont posé le pied dans les Caraïbes et en Amérique centrale ou quand les Portugais ont semé leurs comptoirs sur la route des Indes ou de Chine…
(…) Une acculturation qui joue dans les deux sens car le grand public ne soupçonne souvent pas à quel point les révolutions artistiques du XXe siècle puisent dans ces arts tribaux. C’est bien le sens qu’ont donné Pierre et Denise Lévy à la confrontation, au sein de leur collection, d’œuvres africaines avec celles des plus grands artistes du début du XXe siècle. Que seraient, finalement, l’Art nouveau sans le Japon et l’art moderne sans l’Afrique ?
Jean-Michel VAN-HOUTTE © L’Est Républicain
CD 1 : Conférence de Patrick Frémeaux
1. Les préjugés occidentaux sur l’art tribal - Introduction de Patrick Frémeaux / 2. Présentation travail ethnomusicologique - Les musiques du monde et la mondialisation / 3. Le travail des audio-naturalistes - Rapport nature et culture - Hommage à Karabayinga de RFI / 4. Terminologie de l’art tribal, l’art primitif, l’art premier - Histoire d’une esthétique / 5. Les arts africains (la danse, la musique et la sculpture) - L’héritage : le jazz et le rock - La Négritude : Damas, Senghor, Césaire et Malraux / 6. Préjugés du public - Culture de l’autre - La civilisation : Lévi-Strauss et Germaine Tillon / 7. Cheikh Anta Diop - Voyages en Afrique avec Salif Keita / 8. Voyage avec Salif Keita 2 (Radio France Internationale) / 9. Les collectionneurs (André Breton, Famille Sargos, Fondation Dapper…) / 10. Evaluer un objet d’art tribal (valeur vénale, historique ou esthétique ?) / 11. Art contre artisanat : des biens fongibles ? - Critères comparatifs entre l’histoire de l’art occidental et notre perception de l’art tribal - Art coutumier, notion ethnographique / 12. Vrai/faux, une atteinte à la création. La notion de répertoire / 13. Patrimoine et création - Une classification marchande des objets (esthétique tribale et art coutumier) / 14. L’art premier et son héritage (acculturation et enrichissement culturel) - Statues des îles de la Sonde et de la Papouasie / 15. Mondialisation et art tribal - Le rôle des musées / 16. Le musée : lieu sacré de conservation ou espace scénographié pour la pédagogie ? - Le musée du Quai Branly / 17. Institutionnalisation et reconnaissance de l’esthétique tribale.
CD 2 : Archives musicales collectées chez les Dogons par Patrick Kersalé
1. Chant de réjouissance et de mariage / 2-6. Chants de circoncis / 7-9. Chant de funérailles des hommes / 10. Prière rituelle / 11-12. Fête du bulu / 13-15. Musique pour la lutte rituelle / 16-18. Jeux / 19. Chant de funérailles des femmes / 20-21. Chant de travail / 22-23. Chant d’accueil / 24. Le cri de l’hyène.
"L’humanité s’installe dans la mono-culture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat."
Tristes Tropiques (1955) Claude Lévi-Strauss
Ecouter PREJUGES OCCIDENTAUX SUR L'ART TRIBAL RENCONTRE AVEC PATRICK FREMEAUX (CD1) AU MUSEE D'ART MODERNE DE TROYES, SUIVIE DES ENREGISTREMENTS DOGONS, COLLECTES PAR PATRICK KERSALE (CD2) par PATRICK FREMEAUX ET PATRICK KERSALE © Frémeaux & Associés 2012 Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.