MICHEL ONFRAY
L’archipel pré-chrétien (1)
CONTRE-HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
12 cours enregistrés par Michel Onfray, philosophe présentant une contre-histoire de la philosophie en 12 CDs à écouter.
Une coédition sonore de Frémeaux & Associés - France Culture - Grasset - Université Populaire de Caen
La nécessité est un mal, il n’y a aucune nécessité de vivre sous l’empire de la nécessité. Épicure (341-270 av. JC) J’ai enseigné vingt ans dans l’éducation nationale en Lycée Technique après avoir refusé, une fois ma thèse soutenue, d’intégrer l’Université comme m’y invitait ma patronne de doctorat. Vingt années pendant lesquelles j’ai souhaité pratiquer la discipline avec des élèves gâchés par le système, exclus dès leur plus jeune âge et dirigés vers la rentabilité de matières qui ne leur plaisaient pas – la comptabilité, le secrétariat, le commerce. L’obligation de transmettre et de pratiquer une discipline pour laquelle ils avaient une prévenance légitime – vive les professionnels de la profession! – m’a contraint à une formule dont je n’ai pas fait mon deuil depuis : ne pas baisser la philosophie jusqu’à eux, mais les hisser jusqu’à elle... - Principe de l’université populaire. Michel Onfray
CD1 Michel Onfray, la question de la transmission.
1/ Introduction
2/ L’archéologie d’un site
3/ L’archéologie d’un livre
4/ L’archéologie d’une pièce
5/ Les jeux de contexte
6/ Les forces en présence
7/ La logique des vainqueurs
8/ La difficulté d’écrire en vaincu
9/ Qu’est-ce qu’être philosophe à l’époque?
10/ qu’est-ce qu’être philosophe à l’époque?
CD2 Leucippe et la joie authentique.
1/ La difficile question des inventeurs
2/ Leucippe : fiction, femme ou philosophie?
3/ Une pensée cohérente à partir des fragments - la théorie physique I
4/ Une pensée cohérente à partir des fragments - la théorie physique II
5/ Une pensée cohérente à partir des fragments - une morale
6/ L’éthique grecque est eudémoniste : buts et moyens
7/ L’éthique grecque est eudémoniste : une individualité en paix
8/ Lecture et commentaire du fragment
9/ Lecture et commentaire du fragment : les questions de vocabulaire
10/ Conclusion
CD3 Portrait de démocrite.
1/ Présocratique? Une falsification
2/ Pourquoi cette falsification?
3/ Restaurer la spécificité présocratique
4/ Restaurer la spécificité présocratique : affirmer les lignes de force
5/ Qui veut brûler Démocrite?
6/ Démocrite, un voyageur
7/ Démocrite, un désintéressé contemplateur
8/ Démocrite, un discret réputé
9/ Démocrite et les femmes
10/ La mort de Démocrite
CD4 Démocrite et le corps eudémoniste.
1/ Les anecdoctes atomiques
2/ L’invention du corps matériel et moderne I
3/ L’invention du corps matériel et moderne II
4/ Le plaisir pris à soi-même : les perspectives utilitaristes et sensualistes
5/ Le plaisir pris à soi-même : athéisme tranquille et diététique des désirs
6/ Le plaisir pris à soi-même : l’eudémonisme de l’évitement I
7/ Le plaisir pris à soi-même : l’eudémonisme de l’évitement II
8/ Le plaisir pris à soi-même : l’eudémonisme de l’évitement III
9/ Le plaisir pris à soi-même : l’eudémonisme de l’évitement IV
10/ Le plaisir pris à soi-même : l’eudémonisme de l’évitement V
CD5 Réparation faite aux sophistes.
1/ Introduction
2/ Les déterminismes sémantiques
3/ La mauvaise réputation des sophistes
4/ Réparation faite aux sophistes
5/ Consistance de la pensée des sophistes I
6/ Consistance de la pensée des sophistes II
7/ Qui est Antiphon? I
8/ Qui est Antiphon? II
9/ Antiphon, sophiste hédoniste : la théorie des motifs
10/ Antiphon, sophiste hédoniste : Accéder à l’âme
CD6 Antiphon et le verbe guérisseur.
1/ L’invention de la psychanalyse : l’art d’échapper à l’affliction
2/ L’invention de la psychanalyse : tempérament et positions théoriques d’Antiphon
3/ L’invention du philosophe thérapeute - l’individu post-moderne, l’hédonisme libertaire
4/ L’invention du philosophe thérapeute - l’humanisme égalitaire - l’ennemi des lois
5/ L’invention du philosophe thérapeute - l’humanisme égalitaire - la loi hédoniste I
6/ L’invention du philosophe thérapeute : l’humanisme égalitaire - la loi hédoniste II
7/ L’invention du philosophe thérapeute - l’humanisme égalitaire - une politique égalitariste : la critique de la loi
8/ L’invention du philosophe thérapeute : l’humanisme égalitaire - une politique égalitariste : l’éloge de la nature
9/ L’invention du philosophe thérapeute : l’humanisme égalitaire - une politique égalitariste : la critique de la pensée grecque
10/ L’invention du droit naturel
CD7 L’oubli des Cyrénaïques.
1/ Une mauvaise réputation
2/ Un oubli majeur dans l’édition
3/ Les silences des philosophes antiques
4/ Un triangle subversif contre le régime d’écriture platonicien
5/ Un triangle subversif contre la réduction au statut de petit socratique
6/ Un triangle subversif contre l’idée qu’Aristippe n’est pas un penseur
7/ Détail, théorie et sens de l’anecdote
8/ Ce que le processus d’hominisation a rendu possible
9/ Portée de l’anecdote
10/ Nécessité d’une herméneutique érudite
CD8 Les plaisirs mesurés d’Aristippe.
1/ La question de l’argent
2/ La question de l’eumétrie : la concentration sur l’éthique
3/ La question des femmes
4/ La question du pouvoir
5/ La question du modèle, son rapport au temps
6/ La question du modèle, ses qualités
7/ Le bon plaisir d’Aristippe : ses sources, son corps
8/ Les plaisir d’Aristippe
9/ La jouissance selon Aristippe
10/ Sur les cyrénaïques
CD9 La jouissance cynique.
1/ La question problématique de la jouissance cynique
2/ Un anti-platonisme de combat : l’arbitraire des classifications
3/ Un anti-platonisme de combat : Antisthène, le fondateur
4/ Un anti-platonisme de combat : Diogène
5/ Une théorie de la préférence naturelle : la masturbation
6/ Une théorie de la préférence naturelle : quand Diogène prend modèle sur le poisson
7/ Une matérialité ascétique donc hédoniste : la revendication d’un chemin rude
8/ Un matérialiste ascétique, donc hédoniste : conjectures sur le corps cynique
9/ Une purification des plaisirs : la leçon de Diogène
10/ Conclusion
CD10 Les sophisteries platoniciennes.
1/ Platon, lutteur et dramaturge
2/ Quid de Philèbe?
3/ Assassinat d’un hédoniste
4/ Socrate en sophiste
5/ Les thèses de Protarques
6/ Au-delà de la caricature
7/ Un pamphlet en costume de scène
8/ Le piège platonicien
9/ Que serait une réponse hédoniste?
10/ Intellectualisme d’Aristippe
CD11 Sauvons Eudoxe et Prodicos.
1/ Eudoxe de Cnide
2/ Qui est-il?
3/ Que pense-t-il? Un platonicien... hédoniste
4/ Eudoxe connu par le seul Aristote
5/ Eudoxe - Quid de son hédonisme?
6/ Prodicos de Céos - la fortune d’un topos grec
7/ Prodicos de Céos - la fortune du “Y”
8/ Prodicos hédoniste?
9/ Le texte qui fait la fortune de Prodicos
10/ Conclusion
CD12 Les enjeux de l’épicurisme.
1/ Une lecture alternative de l’histoire de la philosophie
2/ Premier temps de l’histoire de la philosophie : la pensée platonicienne
3/ Un premier lignage
4/ Le courant dominant et la figure alternative à cette domination
5/ Un deuxième lignage : le courant négligé dans l’historiographie officielle
6/ Deuxième temps de l’histoire de la philosophie : l’idéalisme chrétien
7/ Troisième temps de l’histoire de la philosophie : l’idéalisme allemand
8/ Epicure : alternative à l’idéalisme platonicien
9/ Epicure : les influences intégrées
10/ Epicure : la production d’une pensée.
La Philosophie à l’heure d’été
Pendant tout l’été 2003, les cours de Michel Onfray ont été diffusés sur France Culture. Vingt-cinq heures au total pour explorer plusieurs siècles de pensée hédoniste, cet archipel pré-chrétien que fréquente depuis longtemps Michel Onfray. Ainsi, tous les soirs, au crépuscule, Antiphon le sophiste, Anistiffe le Cyrénaïque, Diogène le cynique ou Philodème de Gadara sont devenus nos plus proches voisins, nous donnant à penser sur nos façons de vivre, d’aimer ou de mourir. Michel Onfray fut pour nous, centaines de milliers d’auditeurs, leur interprète rigoureux, attentif et généreux, ne cédant ni à la pédanterie, ni à la démagogie. Le succès de cette série fut immédiat et immense. De la France entière nous arrivèrent lettres et courriers électroniques applaudissant l’initiative et prolongeant souvent les émissions elles-mêmes de réflexions personnelles ou de commentaires. Tout succès de la pensée et de l’intelligence est réjouissant. Celui-ci l’est d’autant plus, pour nous à France Culture, qu’il nous conforte dans l’idée que la radio n’est ni un divertissement, ni une récréation, mais bien plutôt, une façon de se hisser plus haut que soi.
Laure Adler
© 2004 France Culture
HISTOIRE D’UNE CONTRE-HISTOIRE PHILOSOPHIQUE DE LA PHILOSOPHIE
J’ai enseigné vingt ans dans l’éducation nationale en Lycée Technique après avoir refusé, une fois ma thèse soutenue, d’intégrer l’Université comme m’y invitait ma patronne de doctorat. Vingt années pendant lesquelles j’ai souhaité pratiquer la discipline avec des élèves gâchés par le système, exclus dès leur plus jeune âge et dirigés vers la rentabilité de matières qui ne leur plaisaient pas – la comptabilité, le secrétariat, le commerce. L’obligation de transmettre et de pratiquer une discipline pour laquelle ils avaient une prévenance légitime – vive les professionnels de la profession! – m’a contraint à une formule dont je n’ai pas fait mon deuil depuis : ne pas baisser la philosophie jusqu’à eux, mais les hisser jusqu’à elle... D’où ce projet d’Université Populaire animé par le même esprit. Avant sa création je tournais autour d’une formule qui conserve le meilleur de l’université et des rencontres informelles avec le public : la rigueur d’un contenu transmis dans les règles, le projet d’évolution dynamique de cet enseignement sur le modèle des cycles, la perspective initiatique inscrite dans la durée d’un séminaire annuel, le partage de trouvailles sur des recherches en cours; mais je voulais également conserver du café philosophique l’échange socratique ironique, l’usage d’une rhétorique soucieuse et respectueuse du questionnement de l’auditeur, la liberté intégrale et la gratuité absolue, dans tous les sens du terme (ni diplômes requis ou délivrés, ni droits d’inscription, ni contrôles), un genre de générosité consumée dans une dépense sans obligations ni sanctions. En même temps je souhaitais récuser la reproduction du système social auquel travaille presque exclusivement l’université – Platon, Descartes et Kant; la fabrication d’enseignants de philosophie; le formatage idéaliste des formateurs à venir; la génération de l’esprit de corps, de caste et de ghetto – et m’inscrire aux antipodes du happening, de l’improvisation ou de la psychothérapie de groupe du café-philo : ni la logique tribale, incestueuse et normative de l’Université, ni le modèle médiatique du show-business qui pare l’improvisation sur de grands sujets des plumes de la philosophie avec citations évasives, références approximatives et saupoudrements légitimants... Depuis 2002, je place l’Université Populaire de Caen sous le signe de quelques philosophes dont la lecture m’accompagne depuis longtemps. Je n’ai pas envie d’une indexation à leur corps défendant mais d’un genre d’hommage rendu; je ne souhaite pas une prise d’otage, une captation d’héritage ou la revendication d’une filiation légitimante, mais des références qui valent comme autant de révérences, car je me suis nourri de ces pensées à la manière d’un affamé que ne rassasiaient pas les philosophes officiels de l’institution. A cette poignée de penseurs critiques, j’ai emprunté quelques notions utiles pour définir l’identité de cette Université Populaire. Étudiant en philosophie à l’Université de Caen, fin 1970, début 1980, j’ai lu et aimé les pages consacrées par François Châtelet à La philosophie des professeurs (1970). Lorsque je me suis retrouvé devant mes élèves, j’ai pu mesurer combien il avait raison de présenter la discipline potentiellement dangereuse pour l’ordre moral et social comme une matière dévitalisée par l’artifice d’une liste d’auteurs et de notions officielles d’un programme, l’ensemble visant la production en fin d’année d’une dissertation ou d’un commentaire de texte coefficienté dont la note, neuf fois sur dix catastrophique, disparaît dans le chiffre des autres matières.
Ma pratique en lycée technique m’a montré à satiété combien la philosophie agit tel un prétexte pour laisser croire à la libéralité d’un système qui autorise qu’on pense, certes, mais oblige cette pensée à se couler dans un moule qui la châtre sous peine de sanctions. A l’heure où, pour remédier à l’état des lieux, on surcharge et complète la liste des auteurs au programme avec des saints, des libéraux, des religieux, des mystiques, à quoi l’on ajoute une refonte des notions qui permet subtilement de supprimer la philosophie au nom de l’histoire de la philosophie (moins dangereuse et plus facile à noter...), je ne souhaitais plus bricoler dans l’incurable. D’où ma démission... Dans l’esprit d’un François Châtelet qui célèbre une philosophie critique, utilisable pratiquement dans le champ social et politique de son temps, il faut citer Jacques Derrida et son superbe livre : Du droit à la philosophie (1990). Où l’on apprend sur les conditions d’accès à la philosophie aussi bien pour les professeurs que les élèves (avec qui la mettre en scène?), ses usages scolaires et non scolaires, l’extrême réduction des lieux et des supports où elle se pratique (où et comment?), les instances qui légitiment les discours philosophiques (lesquelles et au nom de quoi?). Mais aussi, et plus important en ce qui concerne ce projet d’UP, ses analyses sur la possibilité d’une authentique philosophie populaire, débat dans lequel Kant propose déjà sa solution en invitant qu’on y tende – voire la préface à la Doctrine du droit, première partie de la Métaphysique des mœurs. Ici comme ailleurs, la démocratie fonctionne comme un remède à la démagogie. Je tiens à cette idée qu’on peut tenir une bonne distance entre le discours professionnel des spécialistes qui s’adressent exclusivement à leurs semblables, formant ainsi une communauté d’autistes satisfaits, et les marchands d’idées dans le vent tout à la gestion et à la promotion de leur trajet mondain. Ni la poussière des archives, ni le plateau de télévision comme horizons indépassables de la pratique philosophique, mais un équilibre entre la bibliothèque et la diffusion publique du résultat de ses travaux et recherches. L’ensemble oblige au langage, à la forme et à la formule à même de rencontrer puis retenir le public désireux de philosophie. Car il existe une réelle demande philosophique à laquelle il s’agit de proposer une offre digne de ce nom. Pour ce faire on lira avec bénéfice La demande philosophique (1996) de Jacques Bouveresse qui réactive les options kantiennes : oui à la pratique populaire de la philosophie, certes, mais avec d’extrêmes réserves et avec l’obligation impérieuse de ne pas sacrifier à la rigueur, à l’analyse et à la recherche. Du temps, de la patience, du travail pour les demandeurs et pour les acteurs de l’offre : à l’évidence le droit à la philosophie oblige à des devoirs à son endroit. Contre l’époque qui se caractérise plus par la revendication des droits que par l’observance de devoirs, Jacques Bouveresse invite à articuler ces deux temps pour obtenir une force digne de ce nom. Je souscris à cette volonté d’exiger du demandeur pour seul contre-don à l’offre philosophique qu’on lui fait un engagement à se hisser jusqu’à la philosophie et non une revendication qu’elle descende au niveau où il se trouve. Dans la logique de ces aveux généalogiques je retiens de Pierre Bourdieu les analyses de l’intellectuel collectif développées dans le deuxième volume de Contre-feux (2001). Pour faire face à la pratique onaniste d’intellectuels soucieux de performances individuelles à même de permettre un positionnement dans le champ philosophique utile pour obtenir ensuite des bénéfices sonnants et trébuchants, l’intellectuel collectif suppose des actions communes, des associations d’égoïstes pour le dire dans les termes de Max Stirner : il s’agit de passer des contrats ponctuels pour travailler ensemble, puis agir, afin de produire des effets concrets sur le terrain politique et social du moment.
L’Université Populaire n’appartient à personne, sauf à ceux qui s’en emparent. L’idée surgit au XIXe siècle à l’époque sinistre de l’Affaire Dreyfus, elle peut exister encore et toujours – aujourd’hui plus que jamais. Pour ce faire, il faut envisager le travail en commun comme autant d’occasions de formuler ce que Nietzsche – et Deleuze après lui – appelaient de nouvelles possibilités d’existence. Y travailler, y réfléchir, discuter des formes alternatives qui apparaissent ici ou là dans l’histoire. A l’heure où Mai 68 passe pour la racine de tous nos maux il s’agit moins de l’achever comme une bête malade afin de s’en débarrasser que de le parachever et de l’accomplir sur le terrain des idées : dépasser la négativité de ce moment heureux de l’histoire qui a détruit, cassé, brisé nombre d’archaïsmes, certes, mais sans toujours beaucoup apporter d’idées alternatives, de propositions concrètes, de forces actives, d’éthiques et de politiques de substitution, de théories praticables pour notre époque présentée comme fatalement soumise au libéralisme. L’Université Populaire s’y attelle forte de ce que le public fera d’elle... La première année (2002-2003) a été l’occasion d’envisager sept siècles (du Ve av. JC au IIe ap.) de pensée hédoniste. Sous le titre l’Archipel pré-chrétien, les 23 séances de la première année ont permis d’envisager le fonctionnement du premier temps de cette contre-histoire philosophique de la philosophie. Au modèle dominant – idéaliste et platonicien – vainqueur en occident depuis le triomphe du christianisme (312), le séminaire oppose le modèle alternatif d’une pensée hédoniste qui part du corps et ne le récuse pas. Au cours de cette première année on découvre que les présocratiques sont souvent des contemporains de Socrate – quand ils ne lui survivent pas; que ce terme générique sert à occulter la diversité et la richesse d’une pensée avant Platon transformé en point de référence d’un genre christique; que le matérialisme atomiste est tellement vigoureux en son temps que l’auteur de la République veut brûler les œuvres de Démocrite; qu’Antiphon le Sophiste invente à sa manière la psychanalyse; qu’Aristippe le Cyrénaïque et Diogène le cynique génèrent à leur façon la doctrine d’Epicure; que Platon vainc sans gloire en ridiculisant Philèbe, le porte parole falot du plaisir qu’Epicure vit et pense en ascète; que les épicuriens – Lucrèce, Philodème de Gadara, Diogène d’Oenanda – fournissent une philosophie alternative à l’idéalisme qui nous fâche avec le monde; et qu’on peut aujourd’hui vivre et penser en épicurien. Cette première livraison (12 CD) est constituée de la première moitié de la première année (2002-2003) : de Démocrite à Epicure. L’autre (11 à 12 CD) paraîtra ensuite. Elle examinera la pensée hédoniste et matérialiste d’ Epicure aux épicuriens tardifs : soit du Jardin d’Athènes (IIIe av. JC) à Diogène d’Oenanda (IIe ap.) en passant par Lucrèce et l’épicurisme campanien. La deuxième année (2003-2004) va de la construction de Jésus, un mythe forgé au IIe siècle de notre ère, à Montaigne en passant par les Gnostiques, les Frères et Sœurs du Libre-Esprit et les étonnants représentants d’un inconnu christianisme épicurien : Lorenzo Valla, Marsile Ficin et Érasme. A suivre donc...
Michel Onfray
© 2004 Frémeaux & Associés - UP de Caen
Remerciements à nos partenaires de la première heure : Christian Majorel et Christian Heiz-Legrix du Café Mancel. Brigitte Le Brethon, Maire de Caen. L’équipe du Musée des Beaux-Arts de Caen. Jean-Marc Roirant de la Ligue de l’Enseignement (Paris). Nicole Lequerler, présidente de l’Université de Caen. Laure Adler, Francesca Piolot et Véronique Vila de France-Culture. Marie-Claude Beaud et Antoine Schweitzer pour l’American Center Foundation. Le Conseil régional de Basse-Normandie, via François Doubin et Henri-Louis Védie. Diogène & Cie, avec Jacques Païtra et François Doubin, Grasset, mon éditeur avec Christophe Bataille, et les éditions Frémeaux & Associés qui mettent ces cours à la disposition du public sur support sonore. Je n’oublie pas non plus mes partenaires et amis des premières heures : les enseignants bénévoles de l’UP : Séverine Auffret (Philosophie féministe), Gérard Poulouin (Philosophie politique), Gilles Geneviève (Atelier de philosophie pour enfants), Raphaël Enthoven (Philosophie générale). Et celle sans qui rien de tout cela ne serait : Dorothée Schwartz, la cheville ouvrière et l’âme de cette UP.
Biographie : Michel Onfray est né le 1er janvier 1959. Auteur de plus de vingt-cinq livres traduits en une quinzaine de langues dans lesquels il propose une théorie systématique de l’hédonisme : éthique (La sculpture de soi, 1993), politique (Politique du rebelle, 1997), érotique (Théorie du corps amoureux, 2000), pédagogique (Antimanuel de philosophie, 2001), épistémologique (Féeries anatomiques, 2003), esthétique (Archéologie du présent, 2003), métaphysique (Traité d’athéologie, 2004).
LE PROJET La première version de l’Université populaire date de la fin du XIXe siècle, à l’époque de l’Affaire Dreyfus. Des professeurs, des intellectuels, des historiens, des écrivains, des philosophes y proposaient des cours gratuits à destination de ce qu’il était convenu alors d’appeler la classe ouvrière. La seconde version vise des objectifs semblables bien qu’actualisés : démocratiser la culture et dispenser gratuitement un savoir au plus grand nombre. La culture y est vécue comme un auxiliaire de la construction de soi, non comme une occasion de signature sociale.
LES RAISONS Le désir de savoir est considérable : les débats, les forums, les rencontres, les séminaires, les universités d’été, les succès de librairie des classiques latins ou des essais, la multiplication des collections d’idées chez les éditeurs, tout témoigne d’une authentique et pressante demande. L’offre oscille entre l’élitisme de l’université et l’improvisation des cafés philo, l’une reproduisant le système social et sélectionnant ceux auxquels elle réserve les places dans le système, l’autre réduisant souvent la pratique philosophique à la seule conversation.
LE PRINCIPE L’Université Populaire retient de l’Université traditionnelle la qualité des informations transmises, le principe du cycle qui permet d’envisager une progression personnelle, la nécessité d’un contenu transmis en amont de tout débat. Elle garde du café philosophique l’ouverture à tous publics, l’usage critique des savoirs, l’interactivité et la pratique du dialogue comme moyen d’accéder au contenu.
LE FONCTIONNEMENT La gratuité est le principe de base : pas d’âge requis, ni de titres ou de niveaux demandés, pas d’inscriptions ni de contrôle des connaissances, pas d’examens, ni de diplômes délivrés. Le cours est dispensé une fois par semaine sur une séance de deux heures : la première est un exposé argumenté, la seconde une discussion de celui-ci. Le cycle s’étend de mi-octobre à mi-mai. Il s’articule autour des vacances scolaires de l’Académie de Caen.
LES PERSPECTIVES L’Université Populaire est une idée collective et non personnelle. La création de la première à Caen vaut comme invite à l’essaimage. Par ailleurs, l’augmentation d’une année sur l’autre des unités d’enseignements et la cooptation des enseignants se fait en relation avec l’initiateur du projet local.
Ecouter MICHEL ONFRAY L’archipel pré-chrétien (1) (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.